L'histoire :
C'est la fin de l'année au sein du collège de ce petit village de Croatie. Le dernier jour, le proviseur fait un long discours pour exhorter les élèves de troisième à réussir leur avenir et à bien représenter leur ancien collège. Vient ensuite le moment de l'hymne de l'école : « Bartol Kasic », écrit par le proviseur lui-même. Tout le monde chante, avec plus ou moins de réussite. Certains s'amusent même à déformer les paroles. Jacob remarque alors que son frère David n'est pas présent. Un peu surpris, il rentre ensuite à la maison. Sa mère est là, en train de faire la cuisine et son oncle Peko également. Ils veulent savoir où se trouvent David, car ils ont quelque chose d'important à leur dire. Jacob se met donc à la recherche de son frère. Il traverse seul la forêt et finit par trouver David, en train de discuter avec Vanjac. Comme à son habitude, Vanjac vanne Jacob et le titille gentiment. Jacob demande à son frère de rentrer à la maison mais rien n'y fait : David veut rester là. Jacob repart donc seul...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Danijel Zezelj revient avec un album au titre culotté : Les Pédés. Cette bande dessinée contient cette fois du texte, écrit par la scénariste croate Jelena Paljan. L'intrigue est très simple, lente et contemplative. Elle raconte le quotidien banal d'un jeune enfant en Croatie. Pourtant, sa vie va basculer à travers la vie de son frère. Cette sorte de fable courte peut laisser sceptique de prime abord, tant le propos est simple. Mais c'est pourtant un message fort et percutant que nous offre le final. La focalisation interne donne de la naïveté à l'ensemble. Le regard de ce jeune enfant qui ne comprend pas tout, va lui permettre de découvrir la réalité de la vie et la dureté du monde adulte. Le véritable message est si implicite et tranche tellement avec la violence du titre qu'on est bouleversé devant tant de pudeur. Il faut dire que le dessin du Croate Zezelj a tout pour sublimer cette histoire. Son noir et blanc est toujours aussi envoûtant et le portait des enfants est plein de vie et de profondeur. Alliant le réalisme, avec des plans vertigineux de la ville, au symbolisme de la forêt et du dragon, le dessin est une véritable plongée dans les méandres de l'âme humaine. Il fallait bien cet artiste d'exception pour dénoncer intelligemment l'intolérance et le sexisme d'aujourd'hui.