L'histoire :
Vladimir est un marin qui a sillonné toutes les mers et s'est arrêté à tous les ports. Un soir, il boit plus que de raison et devient violent. Dans un coup de folie, il détruit les horloges du port. Quand la police veut l'arrêter, il frappe l'agent. Finalement, il est maîtrisé et jeté en prison. On finit par le libérer mais, pour purger sa peine, il devra travailler dans la seule ville qu'il ne connaît pas : Tomsk-7. Et pour cause : cette ville est un enfer industriel jonché d'usines et de cheminées. Il sera cuisinier comme il l'était sur les bateaux. Seuls ses souvenirs lui rappelleront son ancienne vie. D'autres hommes parlent de leur vie et de leur souffrance dans l'enfer de Tomsk-7.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir fait un petit tour dans les comics, l’artiste croate Danijel Zezelj revient avec une œuvre plus personnelle. Après les deux derniers tomes sans paroles publiés chez Mosquito, Zezelj se remet au texte pour étayer son dessin si puissant et particulier. L’album s’intéresse à différents destins, tous liés à une ville industrielle, Tomsk-7. Comme son nom l’indique, sept personnages y racontent leur vie, leurs passions, leurs souffrances. Les hommes sont de différentes origines et ont des activités parfois opposées, mais ils sont tous enfermés dans cette ville étouffante et nauséabonde. Les thèmes qui hantent l’artiste reviennent avec force dans cet opus : les immeubles en forme de pics tranchants, les murs tagués, les visages marqués par la souffrance… Le noir et blanc si cher à l’auteur est toujours envoûtant, sombre et fascinant à la fois. Pourtant, et comme d’habitude dans les œuvres de Zezelj, la lumière n’est jamais très loin, que ce soit dans le graphisme ou dans les thèmes salvateurs. Face aux tentacules de la modernité et à la tristesse du béton, les souvenirs élèvent l’âme, les papillons percent la nuit et l’amour peut rendre la force. Chaque personnage de l’histoire, englué dans les affres de Tomsk, a toujours une porte de sortie : le dealer aime une petite fille qui est son ange-gardien, le marin vit de ses souvenirs amoureux, le catcheur sait que sa famille n’est jamais loin de lui... A travers des saynètes quasi métaphysiques, chaque réflexion est un instant de poésie revalorisé par un dessin aérien et unique. Le sens n’est pas toujours bien accessible et le style pourra en dérouter plus d’un, mais il faut accepter de s’abandonner totalement au ressenti de cet univers qui élève l’âme. « Le seul paradis, c’est celui qu’on a perdu » : grâce à Zezelj et son style sublime, c’est un peu de ce paradis perdu que l’on retrouve dans chacune de ses œuvres.