L'histoire :
Dans un canot pneumatique rempli d’immigrés clandestins traversant la Méditerranée, une jeune femme, Saïda, annonce à son voisin d’infortune qu’elle s’en va rejoindre son cousin en France, un certain Zemmour. Au même moment, les journalistes de BFM s’apprêtent à prendre l’antenne pour annoncer à leurs téléspectateurs les résultats du premier tour de l’élection présidentielle. Les finalistes seront : Emanuel Macron (23,75%) et Eric Zemmour (21,53%). Et tandis que les différents responsables politiques s’insurgent ou se félicitent de ce résultat, c’est la liesse au QG de campagne d’Eric Zemmour. Le candidat convoque sa garde rapprochée pour préparer la dernière quinzaine et le fameux débat d’entre-deux-tours. Dans l’intimité, avec sa compagne et directrice de campagne Sarah Knafo, il repense à son parcours et à ses mentors. Il repense au débat raté de Marine Le Pen, cinq ans plus tôt… il est hors de question de reproduire les mêmes erreurs. Le soir fatidique du débat arrive. Il sera animé par Ruth Elkrief et Cyril Graziani…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans une forme de dystopie politique, les trois tomes de La présidente installaient à court terme Marine le Pen à l’Elysée. Comme ils l’avaient fait avec cette précédente trilogie, François Durpaire et Farid Boudjellal imaginent aujourd’hui le scénario possible si Eric Zemmour battait Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle d’avril 2022. Un candidat d’extrême droite peut en cacher un autre… et cette obsession chatouille décidément beaucoup trop ces auteurs pour que ça soit anodin. Pour autant, dans son avant-propos, Durpaire se défend d’œuvrer en faveur de la propagande zemmourienne. Historien et activiste « multiculturel », il explique juste que le score de ce polémiste dans les intentions de votes participe suffisamment d’un mouvement populaire massif pour qu’on y prête attention. Une quête de buzz sur le buzz, à en croire le tirage… à 6 chiffres ! Pour être clair, les auteurs annoncent ne pas soutenir Zemmour. D’ailleurs, cet album met aussi en scène, par alternance, le parcours douloureux d’une jeune femme immigrée clandestine fictive, dont le patronyme est… Zemmour ! L’idée est de confronter le candidat à ses propres contradictions. Or si ça n’est ni pour dénoncer, ni pour promouvoir, quel est l’intérêt d’un tel focus de politique-fiction prospective ? Sans doute Durpaire veut-il susciter la réflexion par l’effroi… Or le plus effroyable vient surtout du traitement graphique de Farid Boudjellal. Sa mise en scène est un roman-photo de personnages et de captures d’écrans, combinés et photoshopés grossièrement, parfois redessinés par-dessus à la va-vite et complétés par un monochrome grisâtre. On est loin du deep-fake, tant c’est pixellisé, patchwork, approximatif... On s’amuse enfin, sans s’étonner, que l’album soit édité par… Mourad Boudjellal, frère du photoshopeur, ex-président du RC Toulon, ex-ex-fondateur des éditions Soleil jadis vendues à Delcourt. Avec cet album, Mourad signe son (nouveau) retour dans le monde de la BD à travers les Mourad Ediitions, renommées « Maurice » pour la blague, dans la mouvance de la « francisation » des prénoms chère à Zemmour… Décidemment, dans le fond comme dans la forme, cet album un peu moche participe de toutes les confusions.
