L'histoire :
Contre-plongée sur une ruelle chinoise par jour de pluie, où se tient une jeune fille avec un parapluie rose déployé au-dessus d’elle. Dans une arrière-cour ombragée, une jeune fille et un enfant lavent un fruit au robinet d’un vieux lavabo. Sous une averse, une maman aux longues jambes maigres aide un petit enfant en imperméable rouge à gravir les marches d’un escalier public en pierres. Dans une ruelle peu passante, devant un distributeur de boissons, un jeune homme sur un scooter arrêté fume une cigarette face à un autre jeune et sa petite sœur qui tient un ours en peluche, tandis qu’une « voyageuse » et sa valise semblent attendre un taxi. Une adolescente écoute son Ipod en s’appuyant contre un mur, au coin d’un escalier public donnant sur une ruelle étroite. Des études de personnages et des couvertures pour la Chronique des immortels ; des nues ; un extrait de BD érotique ; des études de personnages en pieds ; une version très crédible d’Hercule Poirot ; un instantané urbain ; un extrait d’une BD fantastique ; quelques scènes de vies d’enfants dans un style graphique espiègle et rondouillard radicalement différent.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le chinois Chaiko a débarqué dans le paysage de la bande dessinée franco-belge en 2009, avec une histoire sentimentale, ultra urbaine et simple, pétrie de sensualité, La fille de Shanghai. Son style ultra-réaliste, notamment sur les traits de ses personnages féminins et le décorum citadin, impressionnait et ne demandait qu’à s’exercer au sein d’une série au long cours. Ce miracle fut rendu possible grâce au forfait de Thomas Von Kummant sur La chronique des immortels, une fresque vampirique moyenâgeuse et crépusculaire. Depuis lors, Chaiko y adopte un style un chouya plus caricatural (à peine), derrière lequel pousse toujours un souci du réalisme, une savante gestion de la lumière, un souci du détail et des mouvements, qui confinent à la perfection. Ce recueil « artbook collection » comblera les lecteurs qui ont été séduits par le talent du chinois. Dans ses scènes urbaines sur pleines doubles pages, quelques points communs révèlent les marottes de Chaiko : les arrière-cours, les ambiances ténébreuses, les reflets de lumière permis par le macadam mouillé. Moult portraits de femmes, sublimes, révèlent son attirance pour les jeunes maigrichonnes. L’ouvrage accorde aussi une large partie à La chronique des immortels, avec des illustrations de couvertures plein pot, de nombreuses études de personnages. Deux séquences de BD (4 planches chacune) semblent indiquer qu’il se ferait bien auteur complet. Enfin, une série de dessins enfantins et plus proches de la culture asiatique, façon carte postale, mais toujours imbibés de lumière, attestent de son immense talent dans un registre bien différent. Un seul regret : l’absence totale du moindre commentaire, légende ou contextualisation. Du Chaiko 100% pur jus graphique. Véritablement impressionnant.
