L'histoire :
Dans les années 1960-1970, durant 5 mois, pilotes « privés » et pilotes « usines » empruntent les routes du Continental Circus pour s’affronter. Pour les moins chanceux, il faut se débrouiller seuls pour acheminer tout autour de l’Europe famille et motos. Ce sont les primes de départ et plus rarement les sponsors qui permettent de payer les pièces détachées, l'essence et de quoi s’alimenter. Mais qu’on soit nanti ou désœuvré, on est prêt à payer le prix fort pour une victoire en course ou un titre de champion. A cette époque, en effet, quelques glissières métalliques, protégées par des bottes de paille, sont les seules remparts en cas de chute à plus de 250 km/h. On y laisse alors souvent quelques os, voire parfois sa vie (5 morts en course pour la seule année 1969…). Le jeu en vaut pourtant la chandelle et ce n’est pas Giacomo Agostini, 15 fois champion du monde entre 1966 et 1975, qui vous dira le contraire. Pourtant, cela semblait au départ plutôt compromis : le paternel avait pour lui d’autres projets que de le voir risquer sa vie au guidon d’une moto…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Premier bébé de la nouvelle collection Carénage, qu’on suppose dédiée aux deux roues, ce one-shot invite à une sympathique rétrospective de la compétition moto des années 60-70. Il s’agit, en particulier, pour ce passionné de gros cubes qu’est Baudoin Deville, de s’attarder sur quelques acteurs emblématiques du Continental Circus, nom que donnaient les pilotes au championnat du monde de vitesse pure (50, 125, 250, 350, 500 cm3) qui se déroulait sur des circuits européens. En huit portraits documentés, on respire ici avec nostalgie les effluves d’une époque où chacun des virages sentait le drame, où chaque ligne droite pouvait faire naître une légende, où professionnalisme et esprit de famille cohabitaient avec raison. Auteur de la préface, Giacomo Agostini appose son empreinte sur l’ensemble de l’ouvrage : au-delà des 8 pages qui lui sont consacrées, ce pionnier aux 15 titres de champion du monde est celui qui fait référence dans le parcours des autres pilotes ici décris. Chaque « bio » dessinée est habilement introduite par une page de textes déclinée par Christophe Gaime, mêlant anecdotes au palmarès des champions. Même si l’ensemble reste accessible au plus grand nombre (pas d’abus de détails technico-sportif), il satisfera d’abord les passionnés. Le choix de l’angle documentaire pour traiter le sujet en est, sans doute, la principale raison. Idem pour la rapidité du traitement des portraits (parfois 2 planches) qui limite toute attache envers les protagonistes (qui plus est, si on n’en entend parler pour la première fois…). Pas mal fichu pour autant, mais pour nostalgiques passionnés avant tout.
