L'histoire :
En Italie du Nord, en 1256, en pleine nuit hivernale, à proximité d’une clairière située dans une épaisse forêt. Un nain appelé Corfino vient de cacher un bébé dans un tronc d’arbre couché sur le sol, afin de le protéger des éventuels prédateurs. Puis il s’est subrepticement introduit dans la grange appartenant à un couple de gueux, attenante à une ruine fortifiée dans laquelle ils vivent. Il cherche à leur dérober des œufs… Mais il est surpris par l’homme, qui l’assomme violemment, croyant avoir affaire à un renard. A son réveil, le couple propose un bol de soupe à Corfino, en échange de son histoire. Corfino accepte et raconte. Quelques semaines plus tôt, il faisait encore partie d’une troupe de saltimbanques qui se produisaient de ville en ville. Leur attrait numéro un, c’était Roberto, le montreur d’ours blanc. Cette créature gigantesque et féroce, d’une couleur improbable, restait docile à chacune de ses manœuvres. Mais Roberto avait des visions, qui le faisaient passer pour un possédé par Augustin, le chef de la troupe. Les tensions étaient d’autant plus vives que la subsistance était précaire. Et puis Corfino avait fait une étonnante rencontre. Un chevalier, entouré de gens d’armes, lui avait demandé de remplir un calice avec l’eau d’une certaine source, et de le servir à une jeune femme enceinte dans un carrosse. Corfino s’était exécuté…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Corfino se présente comme une histoire insaisissable en one-shot, dans un moyen-âge chiche et crépusculaire. C’est l’histoire d’un nain qui… raconte l’histoire d’un montreur d’ours en proie à… des forces démoniaques qui… (etc). Si le propos est original, la narration à tiroirs mise en place par l’italien Giuseppe Zironi n’est pas des plus immersives. En clair, beaucoup d'aspects sont fourrés dans le grand sac pratique et hermétique de l'ésotérisme, on peine à saisir les directions prises par les personnages, et on ne s’y attache pas. La fin très (trop ?) ouverte laisse aussi un petit goût de frustration. En revanche, le façonnage proposé par l’éditeur Paquet est soigné (grand format, couverture mat, beau papier), en corrélation avec l’élégant dessin de Lorenzo Chiavini. L’artiste italien déroule un style graphique semi-réaliste de toute beauté, très agréable à l’œil. Décors et personnages sont équilibrés dans leurs cadrages et comme ouatés dans leurs rendus. Le tout se complète par une colorisation sobre et chic – par Valentina Grassini – diversement imprégnée de teintes ocre ou rouges, sur fond d’obscurités bleutées. Cet hiver italien de 1256 ressemble curieusement à la Norvège : il y fait tout le temps nuit.
