L'histoire :
En -59 avant JC, Caïus Julius, consul et membre du trium virat qui gouverne Rome, est tiraillé par des cauchemars en son palais. Son devin le rassérène en lui prophétisant une belle destinée : il sera César ! Encore faut-il que ses deux partenaires – le riche Crassus et le rival Pompée – lui renouvellent leur confiance. Il faut surtout que les membres du Sénat (qui le haïssent) votent en faveur de son plan de conquête. Mais quel est-il, exactement ? Doit-il étendre l’empire sur la côte adriatique, du côté des daces (Yougoslavie) ou remonter vers la Gaule ? Dans tous les cas, il lui faudra faire preuve d’une sacrée éloquence et dérouler des trésors de plaidoiries en cette agora où ses rivaux manœuvrent, conspirent, calculent, tendent des pièges, Caton en tête. Pendant ce temps, au bord du Rhin, les villages helvètes sont régulièrement pillés par les ennemis germains. Ces barbares ne font guère de pitié : ils décapitent tout le monde et ornent les maisons avec les têtes coupées. Divico et Orgétorix, deux chefs helvètes, se rejoignent sur la seule solution qui leur semble possible : l’exil, vers l’Ouest, à travers les territoires sequanes (Jura), puis eduens (Bourgogne), jusqu’aux santons (bordelais). Il faut cependant partir avec suffisamment de provision, donc tenir le coup jusqu’aux prochaines récoltes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jadis, au 1er siècle avant JC, bien avant d’inventer le coucou et le secret bancaire, les suisses étaient un peuple de guerriers tiraillés entre des voisins belliqueux. A la sauvagerie des germains du Nord, au désordre des tribus gauloises de l’Ouest, il valait sans doute mieux s’arranger avec les ambitions ordonnées de la Rome au Sud. Nous sommes en -59 et Caïus Julius n’est encore que consul et membre du trium virat et pas encore le Jules César qui est entré dans la légende. Néanmoins, ses ambitions se confrontent à celles d’autres sénateurs rivaux – rappelons qu’il sera assassiné à coups de couteaux 15 ans plus tard, par plusieurs sénateurs ligués contre son hégémonie. Mais pour l’heure, il se cherche un plan de conquête qui assoira sa légitimité en tant que dictateur ad vitam. On connait la suite : il conquerra la Gaule, mais aussi par extension le royaume des helvètes. C’est cette histoire mâtinée de complots, de manigances, d’assauts guerriers, de plaidoiries politiques, d’alliances et de trahisons que raconte Dominique Ziegler dans sa pièce de théâtre qu’il adapte ici – plutôt pas mal, d’ailleurs, sur le plan narratif – en bande dessinée, avec les talents de dessinateur réaliste de Félix Ruiz. Deux « scènes » s’alternent régulièrement dans ce premier opus, pour deux contextes différents géographiquement, mais relativement proches dans leur ton de préparation de mouvements de troupes : les palabres dans les palais de Rome et au sein de la tribu des helvètes dans la cambrousse à côté de Genova pour décider quel chef et quel plan de migration on met en application, avec quelles alliances et quel objectif final.
