L'histoire :
Après son périple à la recherche de son fiston Pierre (l’apôtre de Jésus) Jonas a repris sa paisible vie de pêcheur. Chez lui, il reçoit du courrier en pagaille, de la part des fans de son fils, ce qui l’agace prodigieusement. Mais ce jour là, un courrier de l’hospice de Tibériade lui demande aussi de se rendre au chevet de sa vieille tante, mourante. Il y va à contrecœur et il fait bien ! Car dans un dernier souffle (pestilentiel), la vieille lui révèle ses origines… égyptiennes ! Puis elle claque. En effet, l’histoire de son ancêtre Yona débute il y a très très longtemps, à la cour de Pharaon. Puissant, arrogant, oisif et néanmoins gringalet, Yona fait des audits à la noix, pour améliorer les techniques d’embaumement… Mais ce jour là, il apprend du prêtre qu’il va avoir une descendance juive (beuark, c’est pas hygiénique !). Or, ce que dit l’oracle est sacré ! Bref, grincheux, il n’a plus qu’à demander à son eunuque Jeroboam de lui trouver une (sixième) femme, issu de ce peuple d’esclaves qui le répugne. A ce moment là, la petite Libi est porteuse d’eau pour son père, un hébreu esclave qui confectionne des briques à longueur de journée dans la boue. Pas franchement la panacée, donc. Libi aimerait changer de vie. Une nuit, avec des copains, elle fait le mur d’une riche propriété pour y chourer un peu de nourriture. Bingo : c’est la villa de Yona et elle se fait chopper par Jéroboam…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La première trilogie du Voyage des pères avait dépoussiéré la sempiternelle « histoire » de Jésus et des apôtres, en attaquant son sujet par un angle décalé, culoté et jubilatoire. Or, puisque la recette est terrible et qu’elle fonctionne carrément bien, autant poursuivre en s’attaquant à l’autre séquence culte de la Bible : l’Exode des hébreux du Premier Testament. Tout comme Jésus n’était pas la vedette de la première trilogie, Moïse que l’on croise juste ici à quelques reprises, ne sera donc pas le héros. C’est Yona, l’aïeul de Jonas (le même sans la barbe) qui porte la narration, dans un rôle assez « funésien » (de Louis de Funès). Aussi arrogant et teigneux que gringalet, le personnage est égyptien et cherche une femme juive pour assurer la descendance hébraïque que lui promettent les aruspices. Ce faisant, il va côtoyer les fameux évènements du moment, c'est-à-dire la revendication de Moïse auprès de Pharaon, les 10 plaies d’Egypte et la fuite des hébreux. La narration est rythmée, par le truchement d’un découpage impeccable et la griffe graphique semi-réaliste de l’auteur se bonifie au fil des albums : les enluminures égyptiennes sont là, tout comme le détail du blaire vérolé de Yona. L’approche et la percussion contemporaines des répliques, sont à la franche rigolade, peut-être même encore plus qu’auparavant (et tant mieux !). Et néanmoins, c’est là que se trouve la prouesse : David Ratte n’est jamais irrévérencieux envers la religion… Ce sont bel et bien les prémisses de l’exode du peuple hébreu qui nous sont narrées. Ici le buisson ardent (« Si à chaque fois qu’il a un truc à dire, il incendie un arbre, faudra pas s’étonner si un jour on a des problèmes de déforestation ! »)… On attend impatiemment la traversée de la mer rouge et la gravure des tables de la loi !