L'histoire :
Alors qu'il passe des vacances en compagnie de Dieu sur une plage paradisiaque, Lincoln, toujours aussi teigneux, ne cache pas son ennui. Le Diable y voit là une occasion de prendre l'ascendant sur le protégé de Dieu. Après une nuit de beuverie, Lincoln se réveille loin des plaines du far-west, dans le nouveau terrain de jeu du Diable : Manhattan. Furieux que Lincoln rejette avec sarcasme sa proposition de se joindre à une bande de petits braqueurs, le Diable se rend à l'évidence : il n'a guère plus de succès avec crâne-de-bois que Dieu. Il piège donc Lincoln et le fait jeter en prison. C'est là que notre cow-boy va faire la connaissance d'un gamin des rues encore plus violent et teigneux que lui. Une fois libéré par Dieu, Lincoln se voit contraint de défendre l'insupportable môme contre la bande de Flaherty.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir introduit le Diable dans le tome précédent, Olivier Jouvray en fait le maître d'orchestre de ce troisième opus. Il confronte Lincoln à une personnalité plus vicieuse, lui offrant en apparence un adversaire plus à sa hauteur. Le rythme saccadé de cette histoire reflète bien le côté abrupt de la tentative de manipulation du Diable, complètement à l'opposé de l'approche plus subtile de Dieu, qui donnait aux deux premiers tomes une narration plus fluide. Le déplacement de l'action vers un univers urbain offre à Jérôme Jouvray l'occasion de confirmer l'étendue de son savoir-faire. Le dessin, superbement mis en couleurs par la talentueuse Anne-Claire Jouvray, est splendide, parfois proche de la vieille photo d'époque. On pourra juste reprocher quelques scènes d'intérieur (p. 38 et 39) moins réussies car manquant de détails. Les frères Jouvray continuent d'explorer l'âme humaine au travers de Lincoln en le plaçant dans les situations les plus incongrues. Avec Lincoln, on ne parle plus d'une bonne surprise, mais d'une grande série, fraîche et intelligente. Bravo !