L'histoire :
Charlotte Moberly confessa le 15 février 1903, dans son journal, avoir vécu une étrange expérience lors d’un voyage en France. L’Anglaise, habitante à Oxford, se rendit au mois d’août 1901 de l’autre côté de la Manche, en compagnie d’une amie. A cette époque, Charlotte était très liée avec un jeune homme qui lui avait confié un mouchoir brodé, symbole de leur amour. Ce mouchoir fut perdu et le prétendant de même – qui ne sut attendre le retour de sa belle (…). Lors de leur séjour, Charlotte et son amie visitèrent Versailles. Et lors de cette visite, toutes deux expérimentèrent un étrange sentiment : celui d’avoir effectué un saut dans le temps. Comme si elles avaient été présentes ce soir du 20 juin 1791, la veille de la fuite à Varennes, aux côtés de la Reine Marie-Antoinette. Comme si elles l’avaient véritablement vécu…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dix ans après sa première éditions par Emmanuel Proust, revoici le Marie-Antoinette de Croci réédité par son repreneur, Paquet. Coutumiers des ambiances à la plastique élégante et froide, Pascal Croci et Françoise-Sylvie Pauly signent une œuvre déconcertante, légèrement décalée, autour d’un personnage emblématique : Marie-Antoinette. Rien de bien surprenant si l’on repense au tableau édifiant déjà brossé : Dracula, Lady Tara Cornwall, Elisabeth Bathory ou plus récemment le Christ. Autant de figures, historiques et/ou fictionnels, porteuses d’une mystique contemporaine fournie. L’intrigue imaginée est somme simple, mais néanmoins peu évidente dans son traitement, comme dans son déroulé. De fait, une certaine confusion semble sciemment entretenue afin de jouer sur l’invraisemblance – ou la vraisemblance – d’une expérience temporelle troublante. La narration passe indifféremment du personnage de la Reine à celui de la jeune Anglaise, Charlotte Moberly. Aucun dialogue ne vient interrompre un récit entièrement rapporté, au rythme posé et étalé. L’album prend en effet le temps de son propos approchant les 80 planches. Son sous-titre – Sweet lolita – donne une indication quant à l’orientation choisie : l’approche se veut « féminine », soignant les atours, robes et toilettes, de ces modèles d’autrefois. Le trait élancé de P. Croci ne s’attarde par ailleurs qu’aux seules dames de ce rêve hivernal aux décors dépouillés. Un voyage fascinant entre Histoire et mode.
