L'histoire :
Vers l'an 1880, un gamin qui rêve de voiliers et de découvertes est surpris sur le rivage des côtes vendéennes par Narcisse Pelletier, le gardien de phare, redouté de tous. Cet homme, qui vit en ermite, traîne en effet une vilaine réputation d'anthropophage, car il a passé 17 ans de sa vie parmi les mangeurs d'hommes en Nouvelle Guinée. Narcisse rassure l'enfant sur ses intentions, et l'invite à s'abriter chez lui, en raison de la tempête qui s'abat. Il en profite pour lui raconter les événements qui l'ont conduit à devenir « Amglo ». En 1856, l'adolescent et fils de cordonnier qu'il était, rêvait du grand large et d'exploration. A l'époque, son père essaie alors de lui faire passer cette lubie en étant très sévère avec lui. Un beau jour, las de se heurter à cette indéboulonnable appel de la mer, le paternel accepte de confier son fils aux bons soins du capitaine Olfus, patron du sloop L'Eugénie. Relégué aux corvées du bord comme tout mousse qui se respecte, Narcisse apprend alors à supporter la houle et fait ses premières armes de marin aux côtés d'un capitaine humain. Mais le cabotinage le long des côtes finit rapidement par le lasser. Narcisse profite donc d'une escale à Bordeaux pour prendre congé d'Olfus. Il s'engage alors sur une goélette qui met le cap sur l'Illyrie. Mais là, ses rapports avec les autres membres d'équipage sont autrement plus âpres...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après le prometteur De profundis, Chanouga (de son vrai nom Hubert Campigli) persiste et signe sa première trilogie, toujours chez Paquet, toujours humidement imprégné de l’univers maritime et des embruns. Son inspiration a été cette fois dictée un jour de brocante, lorsqu’il est tombé interloqué sur une photo du XIXème siècle représentant un homme blanc scarifié, piercé et tatoué. Il n’en fallait pas plus que l’auteur marseillais s’intéresse à l’histoire véridique – ici romancée – de Narcisse Pelletier, un marin vendéen qui vécut une partie de sa vie au sein d’une tribu d’anthropophages, sur un rivage sauvage d’Océanie. Après un flashforward permettant de situer d’emblée le caractère légendaire du héros, Chanouga emmène son lecteur dans le sillage des grands récits d’aventures (façon Stevenson ou Conrad). Sans temps mort, nous suivons Narcisse jeune dans son idéal d’océan et d’explorations, son apprentissage d’un engagement féroce et son naufrage sur des côtes inhospitalières… dont les conséquences seront à découvrir dans le second volet. Son dessin « romantique » aux couleurs ocre et glauques s’inscrit dans un découpage aéré, faisant la part-belle à l’océan et aux paysages brumeux envoûtants, parfois pleines pages. Une bien belle invitation à l’aventure !