L'histoire :
En 1857, Narcisse Pelletier, fils de cordonnier, alors âgé de 13 ans, s’engage comme mousse à bord d’un voilier à destination de Bombay. Il a l’aventure maritime dans la peau et ignore alors qu’il se retrouvera en quelques semaines sous des latitudes on ne peut plus hostiles. Le capitaine de son navire accepte en effet de convoyer 330 chinois vers l’Australie… mais hélas, il fait naufrage sur les récifs d’une île de Papouasie. Or les natifs de l’île sont des sauvages anthropophages. Le capitaine parvient à aller chercher de l’aide à bord d’une chaloupe, mais lorsqu’il revient 3 mois plus tard, il ne reste que 2 chinois vivants. Tous les autres ont été dévorés, leurs os laissés bien en évidence dans la jungle ou sur les rivages de l’île. Par bonheur, Narcisse a été recueilli par un groupe plutôt bienveillant à son égard. Le talisman qu’il porte au cou y est sans doute pour quelque chose. Ils le soignent, lui apprennent leur langage et font de lui l’un des leurs. Il s’appellera désormais Amglo, deviendra un excellent lanceur de harpons et devra, souvent contre son gré, rester à distance de toute incursion des blancs colonisateurs sur leur territoire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec la trilogie en devenir Narcisse, Chanouga nous offre une aventure de triple dimension : maritime, anthropo-ethnique et historique. Son récit s’étaye sur une documentation authentique : Narcisse Pelletier a réellement existé et vécu un long déracinement chez les sauvages natifs anthropophages d’Océanie. Des photos de lui d’avant et d’après existent, ainsi que quelques notes de ses mémoires, comme en atteste le cahier spécial une nouvelle fois inclus en fin de ce tome 2. La longue période de vie en Papouasie (18 ans), le miracle qui lui permit de survivre et de s’adapter à la vie aborigène, sont la part romancée de sa biographie. Et selon une chronologie cohérente, c’est cette séquence qui fait majoritairement l’objet de ce second tome. La jungle luxuriante, le biais de survie, les mœurs sauvages, les croyances et les coutumes se dévoilent à travers de larges et grandes cases. La tonalité contemplative domine, dévoilant un crayonné rehaussé en couleur directe de teintes vert-ocre-glauques, souvent accompagné par un narratif discret au verbe soigné. Les regards sont pénétrants, les faciès burinés, les ambiances s’imposent graves et profondes, on sent presque la moiteur des lieux. Dépaysement garanti, pour une grande et belle aventure ethnique. Le tome 3 à venir devrait dévoiler le retour à la civilisation ardu de ce sauvage blanc…