L'histoire :
En mai 68, le jeune Philippe Sinclair n’est pas dans les manifs parisiennes : lui fait ses premiers tests de chrono à bord d’une matra formule 3, sur l’autodrome de Linas-Montléry. Hélas, les événements sociaux mettent un terme un programme de Matra avant même que Philippe ne démarre. C’est alors qu’il reçoit une curieuse lettre venue d’Australie : on l’invite, tous frais payés, à faire une course sur le circuit de Bathurst, en mémoire de son père. Car le courrier lui fait aussi d’étonnantes révélations sur ses origines : Philippe est le fils d’un célèbre pilote, Phil Ascher, mort depuis 20 ans. En pleurs, sa mère avoue… et le laisse s’envoler : il semble que le jeune homme ait naturellement hérité des talents et de la passion de son père. Philippe découvre donc un pays radicalement différent et fait la connaissance de son sympathique hôte, un dénommé John French. Pour la course, il devra piloter une R8 Gordini (une française, montée avec le volant à droite !), sur un circuit particulier : il y a la montée du MxPhillamy Park et un col culminant à 870 mètres, Skyline. Ses premiers chronos sont décevants, mais John l’encourage : c’est normal. Phil ignore encore qu’un mystérieux guide va l’aider dès le lendemain à comprendre les subtilités de ce circuit…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Laurent-Frédéric Bollée est un scénariste réputé, à qui l’on doit (entre autre) Apocalypsemania, Deadline ou le sublime pavé Terra Autralis (2013). Il semble que les terres australes l’aient inspiré, car c’est autour du plus mythique circuit de ce continent – Bathurst, une piste belle, mais difficile, à fort dénivelé – qu’il bâtit ce nouveau diptyque dédié à la course automobile, logiquement rangé au sein de la collection Calandre de Paquet. Notons au passage que, pour la première fois, Bollée réunit aussi sa passion pour la BD à son autre casquette : ex-commentateur et consultant en F1, il est également rédacteur en chef de la chaine câblée Motors TV ! Le contexte créatif déterminé, ce premier opus (sur deux prévus) se fond néanmoins dans un moule initiatique archi-classique et un peu cousu de fil blanc. Un jeune prodige de la course auto fait des prouesses dans le sillage d’un père qu’il croit mort… et une intrigue bancale de pépite-d’or-géante-planquée-dans-un-arbre vient perturber cette trame convenue, comme une bielle dans une soupape. Cette mise en bouche reste tout de même plaisante à suivre car rythmée avec savoir-faire et surtout illustrée par Stefano Carloni, un nouveau-venu sur le « marché » français, après quelques gammes en comics. Ses encrages réalistes soignés et sa colorisation délicate sont à mettre en pole-position de ce premier tome.