L'histoire :
Dans un Chicago des années 1930, traversé par des luttes de pouvoir entre mafieux, hommes d'affaires et politiciens sans scrupules, Joe Bacon est un détective privé désabusé. Lorsqu'un matin une jeune femme franchit la porte de son bureau, il retrouve un intérêt pour son métier. En effet, le patron de la banque centrale de la ville a été retrouvé mort dans sa piscine, et c'est le petit ami de la jeune femme, chauffeur du banquier, qui est accusé. Un coupable idéal un peu vite désigné, qui va pousser Bacon à se mêler d'une affaire que la police de la ville a de toute évidence classée trop vite. Dès que Bacon démarre son enquête, Leo Shark, industriel spécialisé dans la viande en conserve et coupable du meurtre, lance ses relations les plus troubles sur l'affaire. Il s'agit pour lui de préserver ses ambitions politiques, coûte que coûte. Le chemin de Bacon va s'avérer de plus en plus dangereux, ravivant en lui la détermination qu'il avait perdue.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ses personnages à têtes d'animaux directement inspirés de l'esthétique Blacksad, l'auteur italien Marco Natale a mis la barre un peu haut. Difficile, en effet, de soutenir la comparaison avec la série référence, tant en matière de scénario que de dessin. Dans un style proche de l'animation dans laquelle Natale a travaillé, les planches sont jolies à regarder, mais pêchent par manque de métier, dès qu'il s'agit d'enchainer les cases. Très chargées, elles butent souvent sur un enchainement raté entre les bulles qui obligent le lecteur à rectifier le tir. Une marche arrière trop fréquente qui nuit franchement à la fluidité de l'ensemble. Par ailleurs, l'auteur a choisi de manière assez étonnante de donner une clé de l'intrigue dès les premières pages de l'album, ce qui le prive d'un moyen assez basique d'entretenir le suspense. Tout repose alors sur la manière de raconter l'histoire, mais là une fois encore, son manque de métier se fait cruellement ressentir. La voix off du héros est trop bavarde, les dialogues trop nombreux, souvent sans valeur ajoutée, et les séquences clés de l'enquête sont hautement improbables. Il reste un album visuellement prometteur avec ses nuances crayonnées de gris, mais un auteur qui doit absolument passer du temps dans le travail de ses ainés, pour y débusquer les codes indispensables du genre. Une belle enquête en perspective.
