L'histoire :
Alexis, une jeune archéologue qui vit à Londres, décide de profiter d'un voyage en Crète avec son fiancé pour retrouver des traces de sa famille d'origine. Il n'en reste qu'un portrait dans l'appartement, avec une grande tante et son mari. Les évocations mystérieuses de sa mère l'encouragent à faire sa propre démarche de découverte. Quelques jours plus tard, elle est sur place et fait la rencontre de Fotini Davaras, une amie d'enfance de sa grand-mère maternelle, dans le petit village de Plaka. Fotini est frappée de la ressemblance entre Alexis et sa grand-mère Anna, et commence à lui raconter ses souvenirs. La jeune femme va découvrir l’histoire incroyable de l'île de Spinalonga, où tous les lépreux étaient envoyés à partir du début des années 1900, et où une étonnante vie de village s'était développée. Elle apprend alors que ses arrières-grands-parents avaient eu trois filles, dont l’une avait dû être envoyée sur l’île aux lépreux. Ses deux sœurs Anna et Maria ont connu une existence pleine de heurts, entre histoires d’amours contrariées et douleur de la maladie, jamais loin des enjeux de Spinalonga. La plongée dans le passé va révéler des secrets de famille.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le style de Fred Vervisch est clairement ce qui frappe à l'ouverture de ce livre à la maquette très élégante. Le trait du dessinateur s'est affiné depuis ses premiers travaux, son approche graphique est différente pour chacun de ses albums, elle se distingue aujourd'hui par des silhouettes élancées et fines qui rappellent les personnages de dessins de presse d'une époque ancienne. Une touche un brin rétro visiblement délibérée sur une technique de couleurs totalement actuelle, et un souci d'esthétisme qui ne distrait absolument pas la lecture. Les premiers pas d'Alexis sur l’île de Spinalonga sont l’occasion de découvrir de beaux paysages de rues et de maisons abandonnées, tandis que le ciel bleu et la mer offrent de superbes aplats de couleurs vives. Le scénario de Roger Seiter, adapté d'un roman de Victoria Hislop, développe une histoire complexe et riche en rebondissements, qui parcourt plusieurs décennies mais finit par boucler complétement, comme annoncé en quelque sorte par les mots prophétiques de la mère d’Alexis. Il faut un peu de temps pour comprendre les liens qui existent dans ce long flashback que constitue le récit des souvenirs de Fotini. Mais en prenant son temps on s’imprègne de l’époque, et on apprécie les caractères qui se révèlent. La découverte de cette incroyable île aux lépreux en plein début du XXème siècle donne un contexte supplémentaire qui renforce le récit, et nous fait vivre plus intensément une histoire de famille intense et romantique.
