L'histoire :
Au mois de mars 1967, sur la petite île de Diego Garcia, Marie-Pierre est présente à l'arrivée d'un grand bateau. Pour certaines de ses amies, c'est le retour de l'homme qu'elles aiment. Pour elle, c'est tout simplement le spectacle des nouveaux visages et l'animation qui l'attirent. Ce jour-là, un certain Gabriel Neymorin débarque pour prendre son poste de secrétaire particulier chez l'administrateur de l'archipel des Chagos. Marie se sent immédiatement attirée par le jeune homme. Elle va à sa rencontre pour faire connaissance. A sa grande surprise, il est adorable et courtois. La relation amicale va très vite devenir amoureuse, au point pour le jeune couple de décider d'avoir un enfant. Le contexte politique et social autour de l'archipel devient de plus en plus animé avec l'imminence du référendum d'autodétermination de l'île Maurice. Le sort de la petite île dépend du résultat de la grande et lointaine voisine. Lorsque l'indépendance est prononcée, les habitants de Diego Garcia apprennent avec stupeur qu'ils doivent tout quitter pour être installés de force à Port Louis. Leur île a en effet été vendue aux Etats-Unis par le protectorat britannique, pour devenir une base militaire stratégique. C'est à ce moment-là que la situation se tend entre Gabriel et Marie, qui avoue que le fils qu'ils pensaient avoir en commun a été conçu avec un autre homme. Tout s'écroule autour de la jeune femme, mais c'est aussi le début d'une lutte courageuse pour la reconnaissance des droits de son peuple...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On devine la densité du roman original lorsqu'on se plonge dans la lecture de cette adaptation en BD qui aborde une multitude de sujets. Les relations entre Marie et Gabriel forment une mixité sociale pas forcément bien vue des autorités. Marie est une personnalité forte et très séductrice, que la vie va malmener et qui va passer d'un statut de victime à celui de combattante. Gabriel semble une personnalité attachante, un homme dont on imagine que le roman passe davantage de temps à décrire les déchirements. Sans oublier le contexte politique et le scandale de l'expropriation manu-militari des habitants de cette petite île, dont les conséquences sont encore présentes aujourd'hui. Laurent Galandon se débrouille pour faire de tout ce matériel un récit dense avec des moments forts, porté par le dessin très léché de Rachid N'Haoua. On voyage dans des paysages peu connus, avec des personnages denses et de multiples éléments d'intrigue qui se complètent. Livré en 96 pages, l'équivalent de deux albums de BD classiques, le récit aurait pu durer plus longtemps pour que chaque dimension soit pleinement traitée. C'est la frustration que l'on ressent... Mais malgré cela, le voyage est aussi dépaysant qu'édifiant, et Marie reste dans nos esprit comme une héroïne courageuse et exemplaire. Une femme aux origines modestes qui se révèle à la hauteur de l'histoire qu'elle traverse.
