L'histoire :
Fin septembre 1805, le chasseur Antoine Lange vient d’être nommé Maréchal des Logis, au sein de ce qui est en passe de devenir la Grande Armée de Napoléon 1er. Il a à peine 30 ans et il est déjà sous-officier au 1er escadron de la garde, donc au plus proche de l’empereur lui-même. Il est fier de son engagement et des tactiques militaires mises en place par la jeune patrie française. Il s’agit notamment de défendre le pays face à la perfide Albion : les anglais viennent de payer l’empereur germanique et le tsar russe pour qu’ils s’arment et attaquent la France ! Or plutôt que d’attendre l’invasion, la meilleure défense de Napoléon reste l’attaque. Il met aussitôt en marche sa Grande Armée en direction des frontières de l’Est. Le 3 vendémiaire – soit le 25 septembre – elle traverse le Rhin. Napoléon s’est rendu sur place pour piloter les manœuvres, en compagnie de ses 7 corps d’armée, les sept « torrents », commandés par les généraux Bernadotte, Marmont, Davout, Soult, Lannes, Ney, Augereau et la réserve de cavalerie pour Murat, devenu beau-frère de Napoléon de par son mariage avec Caroline. Chacun veut en retirer sa gloire et rivalise d’ardeurs pour affronter les autrichiens, parfois au mépris de la vie des soldats…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Des guerres napoléoniennes, le grand-public retient essentiellement les noms des villes de deux batailles essentielles : Austerlitz et Waterloo. Waterloo signant la défaite définitive, il est bien plus glorieux d’aborder la victoire magnifique, tactique, qui fut inaugurale de la puissance impériale : Austerlitz. Le 2 décembre (1805) reste une date clé chez les nostalgiques et amateurs de ce régime. Napoléon s’était d’ailleurs fait couronner empereur ce jour-là, un an plus tôt. Pour autant, la tactique de cette bataille est complexe, sur multi-fronts et elle comporta plusieurs dimensions : géographique, économique, psychologique, militaire. Pour les éditions Plein Vent, Pascal Davoz cherche à raconter cette célèbre bataille dans cet ouvrage pointu, synthèse touffue de diverses sources écrites d’époque. Le biais utile est celui de la narration en voix off d’un maréchal des Logis appartenant au cercle rapproché de Napoléon. Mais il faut avouer que c’est assez mal séquencé et dialogué (il est relativement inadmissible de lire Napoléon s’écrier « C’est jouable ! » ou « Ça calme ! »). Le séquençage aurait notamment mérité plusieurs cartographies progressives (une seule, très statique, est présente en page de garde), pour comprendre les mouvements de troupes, les étapes tactiques, les forces en présence… Et le jeu de concurrences entre les généraux, ou entre les dirigeants d’Europe, reste confus. Sur le plan de la stratégie narrative, c’est donc une défaite. Le dessin de Massimiliano Notaro rattrape en revanche fort bien le coup. Un soin documentaire est porté sur les costumes, et un gros boulot de reconstitution est fait sur les affrontements spectaculaires. En somme, c’est assez joli, mais trop bavard et paradoxalement peu explicite.
