L'histoire :
Une nuit, le jeune Tom regarde à sa fenêtre et rêve d’une autre vie. Il sourit en voyant son voisin qui fait ses exercices physiques quotidiens, toujours à la même heure. Il s’amuse à l’imaginer en super-héros, à écumer la ville pendant la nuit. Quand soudain, il aperçoit une fille au loin qui marche… sur les toits : Obsédé par cette vision étrange, Tom a du mal à dormir. Le lendemain soir, il observe les maisons par la fenêtre et revoit encore l’étrange fille. Malgré son vertige, il décide de la rejoindre sur les toits. Une étrange conversation s’engage. La mystérieuse fille va entraîner Tom dans son sillage, à travers un monde totalement loufoque et à part : celui des hauteurs…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions Poivre et Sel offrent encore un récit décalé et atypique avec cette nouvelle création de Frédéric Chabaud et Julien Monier. Sur fond de conte et de voyage onirique, Tom est un voyageur de l’irréel qui s’évade du quotidien et de sa grisaille, en se dirigeant vers un autre univers méconnu : celui des toits et des hauteurs de la ville. A la manière d’Alice qui rencontre le lapin fou, Tom est choqué de cette étonnante rencontre avec cette jolie fille qui erre sur les toits. Obnubilé par sa beauté, il est également attiré par le goût de l’aventure et de la nouveauté. Sa découverte est une ouverture vers un monde inconnu et plein de surprises. Tom va multiplier les rencontres surréalistes et marquantes : le vieillard qui observe les étoiles et qui leur donne un nom nouveau plus poétique ; la dame qui collectionne les livres rares et vit seul avec ses bouquins… Autant de personnages étranges (comme Alice rencontrait le Chapelier ou la Reine de Cœur). Ces face-à-face sont autant de pauses méditatives et d’échanges sur les choses de la vie. Les conversations sont parfois de belles pensées profondes et pleines d’humanisme. Moins corrosif que le livre de Lewis Carroll mais tout aussi fantasmagorique et poétique, En attendant l’aube est une belle évasion, pleine de charmes et d’optimisme. Le dessin participe à ce décalage avec un mélange de réalisme exacerbé et de difformité du réel, comme si la réalité se tordait et se déformait au fur et à mesure de l’initiation de Tom. Monier utilise la technique de la carte à gratter, qui s’apparente à la gravure (le style surchargé et tordu rappelle d’ailleurs le travail d’Hyppolite sur l’album Dracula). Les déformations des traits les rendent en même temps touchants et saisissants. Bref, une belle entrée en matière dans une histoire intrigante et captivante. On pourra juste regretter que le tome ne constitue qu’une simple entrée en matière et que de fait, l’histoire évolue peu. En attendant le tome 2 en… 2013 !
