L'histoire :
La nuit se poursuit dans les sombres recoins d’Auckland. Baguette, en proie au charme silencieux et au sourire en biais de Muette, s’abandonne à l’échappée qu’elle lui propose. Loin du « sans issue » annoncé par le panneau sur leur trajet, s’ouvre derrière le buisson le calme, le ciel étoilé, le corps de la jeune brune, l’espace des souvenirs, et du dévoilement. Le jeune punk bouddhiste comble les zones d’ombre liées à la disparition de sa « meilleure amie », mais persiste à nourrir une coïncidence entre les vies des deux jeunes filles. Du désir d’être sauveur, à la fragilité de celui qui ne cesse d’être sauvé, les contradictions perdurent. Jusqu’au moment où, plongé dans les bras d’une foule en liesse, Baguette connait l’Eveil. Dès lors, toute souffrance, personnelle ou d’autrui, se doit d’être abolie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si le premier tome nous enveloppait de son ample mystère, ce second volet a pour vocation la mise en lumière. Le fascinant clair-obscur demeure, mais le subtil saupoudrage neigeux des lampadaires de la ville semble se répandre sur le récit. Des révélations de Baguette, aux flashbacks répétés, les vides se comblent peu à peu. La clarté projette également ses faisceaux sur le destin du jeune punk bouddhiste : le parcours spatial, dans les ténèbres d’Auckland, se révèle initiatique, et les citations liminaires aux différents chapitres prennent chair dans le sort du protagoniste. Les plongées successives, réelles ou fantasmatiques, dans un lac, puis dans l’effervescence d’une foule, ne constituent que l’image d’une mise à mort nécessaire à la renaissance salvatrice. Le dharma a opéré. Mais la narration ne se limite pas à l’enseignement de Baguette. Reste l’attentat chez Bobo, dont la mise en œuvre suit son cours. La course contre la montre nous engage dans les codes d’un thriller, dont l’explicite des évènements entâche la goûteuse obscurité qui confère aux textes et aux dessins d’Ant Sang toute leur puissance. A l’instar de l’adolescent écorché, c’est au charme du secret que l’on succombe ; aux défauts de ses éclaircissements que l’on résiste.