L'histoire :
En 1925, dans un tripot de New-York, 3 hommes en arme font un carnage. Frank Satriani et ses sbires vident les chargeurs de leurs mitraillettes alentour. Ils laissent un décor de désolation et broient le genou du responsable des lieux, en guise de message à l’attention du chef de gang adverse, Patrick McKeever. Le soir même, les policiers retrouvent dans une impasse sordide le corps d’une femme assassinée de deux coups de feu dans l’abdomen. Dans un immeuble à proximité, Daniel Liebowicz, un artiste peintre, est obsédé par les tableaux qu’il peint. Il ignore pourquoi ce travail de commande le rend comme fou par moments… Il illustre en fait la couverture d’un périodique, Weird Tales, dans lequel une dénommée Mary Clark raconte une légende hindoue. Son histoire est celle de deux divinités, deux frères ennemis fils du dieu Bhishma. En compétition pour le cœur de la belle Draupadi, le créateur Arjuna et le destructeur Duryodhana sont ainsi rivaux depuis la nuit des temps... En fait, Mary Clark est le pseudonyme d’une journaliste, Juliette Bescond, qui aiguise également sa plume dans le Daily news, quotidien new-yorkais. Dans ses articles, elle attribue de manière inique la responsabilité des crimes à Frank Satriani, en guerre contre Patrick McKeever pour le contrôle de l’alcool…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Visuellement, attendez-vous à une claque. Roberto Ricci nous avait laissé entrevoir une petite facette de son talent à travers Les âmes d’Helios. Cette fois, il pousse son art quelques dizaines de crans plus loin… Au travers de planches en couleurs directes, de toute beauté, il alterne deux environnements radicalement opposés. D’une part, pour mettre en relief la guerre de gangs à l’époque de la prohibition, les contours des planches sont noirs, l’ambiance générale ténébreuse. Un parfum de tragédie et de mort plane en permanence sur cette époque révolue et néanmoins crépusculaire. Aux développements mafieux, s’entrecoupe une légende hindoue, en plusieurs séquences d’une luminosité intense, qui contrastent singulièrement. Pour ce faire, Ricci change de technique graphique, empruntant un trait plus stylisé, comme autant de parenthèses éthérées et pastels affranchies de bordures de case, mais toujours réaliste. Vous l’aurez compris, la légende indienne – métaphorique – fait écho aux destinés tourmentées des personnages. Le scénario de Marco d’Amico est un mélange de genres osé, une sorte de « polar mafieux ésotérique ». La thématique manichéenne empruntée n’est pas forcément très subtile, ni mise en avant de manière évidente au premier abord, mais elle est traitée de manière assurément originale et virtuose.
