L'histoire :
En août 2013, le flic à la retraite Jimmy Cheng se trouve dans les bouchons de Washington – c’est la commémoration des 50 ans du discours de Martin Luther King – lorsqu’il apprend une triste nouvelle par téléphone. Son vieux collègue Jack Kovalski, une sacrée tête de con, avec qui il avait élucidé une affaire tordue à ses débuts en 1983, déjà en marge des commémorations du discours de MLK, s’est tiré une balle. Jimmy va aussitôt se saouler au whisky dans son bar habituel. Au barman qui demande ce qui lui arrive, il raconte. En août 1983, Kovalski était appelé sur la scène d’un double crime sordide, dans un appartement newyorkais. Deux jeunes femmes noires, avocates de profession, avaient été retrouvées mortes, après avoir reçu respectivement 60 et 49 coups de couteau. Au mur, une inscription tracée avec le sang des victimes : M2817. Kovalski s’était plongé immédiatement dans la résolution de l’affaire et il avait aussitôt trouvé un indice : M2817 pouvait correspondre à l’évangile selon Mathieu, verset 28, ligne 17, qui dit : « Et le voyant, ils l’adorèrent, mais quelques-uns doutèrent ». Il avait aussi noté une curieuse similitude : le jour même du discours de MLK, en août 1963, deux femmes avaient été retrouvées également tuées dans des circonstances proches. Dans les bureaux de la police de Washington, le jeune Jimmy Cheng, d’origine asiatique, s’était porté volontaire pour épauler Kowalski.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’origine de ce pur thriller / polar noir, le scénariste Laurent-Frédéric Bollée a été à la fois inspiré par un fait divers survenu en marge du célèbre discours de Martin Luther King, que par les polars de James Ellroy. En effet, le 28 août 1963, tandis que MLK prononçait une dizaine de fois « I have a dream » à Washington en proclamant l’émancipation des noirs américains, deux jeunes femmes noirs étaient sauvagement assassinées à New York. Dans les faits, il n’y avait sans doute aucun rapport. Mais la tentation était trop belle de relier les deux évènements, et pourquoi pas avec la mort de l’écrivain afro-américain WEB du Bois, la veille, au Ghana. LF Bollée met en scène des bons vieux flics aux cuirs tannés, au travers d’une enquête aussi professionnelle que tordue et sordide à souhait. Bollée sait admirablement faire monter les tensions et il déroule donc un suspens prenant tout au long des 160 planches de ce one-shot grand format. L’ambiance sordide et sombre est renforcée par le traitement de Boris Beuzelin, tout en encrages noirs et blancs et en clairs-obscurs, façon Franck Miller, Mike Mignola, Edouardo Risso ou Jordi Bernet.