L'histoire :
Le 5 février 1761, le policier Nicolas le Floch se présente au rendez-vous urgent que lui a fixé M de Sartine, lieutenant-général de Police à Paris. Ce dernier lui demande de mener une enquête de première importance sur la disparition de son confrère, le commissaire Lardin. Lardin menait alors lui-même une enquête sur un confrère soupçonné de collusion avec les milieux du jeu et les officines clandestines. Il tentait aussi d’élucider une affaire top-secrète, dont le Floch ne saura rien. En raison de ses excellents états de service, le jeune inspecteur a carte blanche : une commission extraordinaire lui donne tout pouvoir sur les différentes autorités du Royaume ; et il peut même choisir son adjoint. Ce sera l’inspecteur Bourdeau, qui accepte cela comme un honneur. Dans un premier temps, les deux policiers vont vérifier à la morgue si, à tout hasard, le corps de Lardin ne s’y trouverait pas. Ils font chou blanc. Mais ils y croisent un médecin qu’ils comptaient justement interroger : le docteur Semacgus. Celui-ci était invité à la même réception que Lardin le soir où celui-ci a disparu. Il apporte donc son témoignage sur cette soirée, où il a vu Lardin se disputer ouvertement avec le docteur Descart. Par ailleurs, Semacgus déplore la disparition de son domestique noir, appelé Saint-Louis…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les enquêtes de Nicolas le Floch, policier sous le règne de Louis XV, sont avant tout une série de romans à succès, écrits par le regretté Jean-François Parot. Or la série n’a pas attendu la bande dessinée pour être adaptée : une série TV est diffusée sur France 2 depuis 2008 et compte déjà 6 saisons. Ce succès ne doit rien au hasard : diplômé d’Histoire, l’écrivain allait se documenter dans les foisonnantes archives notariales afin de décrire le plus précisément possible la vie des gens ordinaires au XVIIIème siècle, afin que l’immersion soit totale et agréable chez ses lecteurs. Cela se produit tout autant à travers cette BD, qui adapte logiquement le premier roman. Le binôme composé du français Dobbs (scénariste) et du chinois Chaiko (dessinateur) est rodé depuis deux bouquins (dont la BD sur François 1er). Dobbs restitue la grande qualité du langage employé à travers les dialogues, tout en rythmant idéalement l’enquête à travers un découpage efficient. Malgré les choix narratifs nécessaires à l’exercice, l’album reste tout de même dense et compte 62 planches. Ces planches bénéficient du grand talent graphique de Chaiko, un dessinateur qui a le talent rare d’allier le réalisme des décors, les atmosphères lugubres ou inquiétantes, la justesse des proportions et des postures, ainsi que des « gueules » de personnages très expressives. Ce premier tome comblera en tous points les amateurs de polars historiques, à travers une enquête rigoureuse et particulièrement crédible. Espérons qu’il soit suivi d’autres adaptations…