L'histoire :
Le planteur de cannes à sucre Jean Rouen écrit une lettre au roi de France Louis XV, afin de lui expliquer les nombreux évènements qui ont secoué son île, la Martinique. En effet, une cause juste peut conduire à utiliser des moyens terribles pour arriver à ses fins. C’est ainsi que la venue d’un nouveau gouverneur et d’un intendant porté sur les règles strictes et les méthodes sévères, a conduit les habitants, propriétaires sur l’île de Martinique, à se rebeller contre eux, c’est à dire à l’autorité même du roi. Les temps difficiles et l’interdiction de vendre du rhum en terre de France, ont conduit les planteurs comme Jean Rouen à vendre le fruit de leur travail aux anglais. Ce commerce illégal, mais rentable, a profité finalement à tout le monde, puisque les pièces d’or rentrées en Martinique ont ainsi servi l’économie de l’île et sa population jusqu’aux esclaves. La venue de ces deux trublions de fonctionnaires de métropole aux services de Louis XV, armés de leurs certitudes et de leurs règlements, ont appauvri tout le monde. De fait, les familles de notables de l’île se sont montés contre eux. La population gronde et la fronde ne va pas mettre longtemps pour se former…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après un premier tome de mise en bouche (si l’on peut dire), le scénariste Tristan Roulot et le dessinateur Matteo Guerrero poursuivent leur récit sur l’origine du rhum en Martinique. Le prisme historique est celui de Jean Rouen, français issu de l'imagination des auteurs et exilé de métropole, devenu planteur de cannes à sucre. Cette fois, le récit se porte davantage sur la condition des planteurs de cannes et la détérioration du marché du rhum vers la France. En effet, le roi de France Louis XIV interdit la production du rhum et casse ainsi les revenus de moult planteurs bien décidés à ne produire que du rhum. Roulot se sert de ce fait historique pour construire son récit. Il met en avant le trafic de contrebande avec les britanniques, les complaisances de certaines grandes familles, mais surtout l’influence politique bien menée de conspirateurs qui évitent ainsi la disgrâce. Matteo Guerrero utilise un trait réaliste travaillé pour accompagner cette histoire. Néanmoins, on peut regretter un manque de fluidité dans les cases, les personnages sont réussis mais leur aspect très rigide casse un peu le souffle de la narration. Cela étant, cette aventure exotique campée au début du XVIIIème siècle reste intéressante autant par son approche sur l’Histoire de la France d’Outremer que sur les modes de vie de l’époque.