L'histoire :
44 ans et la crise de la quarantaine. On ne sait pas ce qui lui a pris... mais tous les samedis, il décide d’aller à l’association de protection des animaux. Un refuge pour chiens alors qu’il n’aime que les chats. Il ne faut pas chercher à comprendre : c’est la crise de la quarantaine, on vous dit ! N’empêche que quand il rentre dans ce lieu, cela fait quelque chose. On ne se rend pas compte, mais quatre gros box indépendants bourrés de chiens partout, c’est une expérience à vivre. Au début, c’est très particulier. Quand il est rentré pour la première fois dans le box qu’on lui a laissé, tous les chiens se sont rués sur lui. Tous sans exception veulent attirer son attention. Les uns courent vers lui, aboient ou le caressent de la tête. Les autres grognent à son approche. D’autres, par contre, le regardent en se cachant. Sûrement de peur qu’ils prennent des coups comme ils en ont eus avec leur ancien maître. Avec autant de caractères différents et de manifestations aussi fortes, mieux vaut être prudent au début. Alors, il fait comme on lui a conseillé : il ne réagit pas et trace son chemin. Aujourd’hui, ça a bien changé. Il fait partie de leur vie et il peut les caresser et les appeler à l’envie. Le plus dur était de retenir les prénoms de chacun d’entre eux. Dans ce refuge, il va vivre des aventures humaines fortes...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
José Fonollosa publie un album totalement dédié à l’association de protection des animaux et en particulier des chiens. Un sujet bien plus profond qu’il n’y parait et qui sied bien à la ligne éditoriale humaniste et engagée de Rue de l’échiquier. C’est un véritable documentaire signé par l’artiste espagnol qui raconte au jour le jour son quotidien dans le refuge. Une belle façon de prendre à bras le corps toutes les problématiques de l’association et toutes les étapes de vie d’un refuge : le nettoyage des lieux, la nourriture, les promenades, les visites des parrains, l’organisation de l’association, et même pour certains cas l’adoption. Suivre le personnage dans sa routine évite tout didactisme rébarbatif d’une telle œuvre. On ne s’ennuie pas une seconde à la lecture de cette tranche de vie finalement beaucoup plus dédiée aux animaux qu’aux humains. L’humour et la légèreté de l’étude apportent également un côté ludique et agréable à l’œuvre. Le trait de Fonollosa fourmille de détails, son trait nerveux ressemble à s’y méprendre à celui de Nicoby. A ceci près que la star est le chien, et l’artiste excelle à représenter chacune des espèces. Ils ont beaucoup plus de vie que les autres personnages (parfois, les chiens ont même le droit à la « parole ») et la sensibilité du dessin permet de rappeler que le chien est l’animal le plus proche de l’homme, dans tous les sens du terme. Vers la fin de l’album, l’auteur aborde le délicat sujet de l’abandon et transforme malgré lui le ton de l’ensemble. Plus « moralisateur » et pédagogique, on perd en originalité et en fraîcheur, mais il faut aussi rappeler qu’un chien est un être vivant. Et qu’il a droit à autant de respect et d’amour qu’un humain. Et donc le droit également à cette belle ode à la race canine.
