L'histoire :
Stéphane Vernot vient de recevoir un coup de fil d’un journaliste bolivien, qui lui annonce la mort de son fils dans la prison de San Pedro. Max et son père étaient en froid depuis que le garçon avait quitté le domicile familial pour une histoire de cannabis. Il n’avait dit à aucun de ses parents divorcés qu’il partirait au bout du monde. La surprise est immense de recevoir des nouvelles d’un homme qui lui dit que son fils parlait souvent de lui, que visiblement il l’admirait. En voulant aller enquêter dans la prison même de San Pedro, unique en son genre puisque la gestion en est confiée aux prisonniers eux-mêmes, Max pousse trop loin ses recherches sur le rôle qu’y jouent les parrains de la drogue. Après quelques jours de réflexion, Stéphane décide de vendre son appartement parisien et de prendre un aller simple pour La Paz. Il y retrouvera le journaliste qui connaissait Max et il va lui demander une chose très simple. Qu’il lui dise comment se faire faire de faux papiers d’identité. Ensuite, il commettra un délit qui devrait l’emmener tout droit entre les murs de la prison où son fils a été assassiné. Et là, il improvisera...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sur un beau ton semi-réaliste, Sébastien Corbet donne d’entrée de jeu une intensité à son personnage de père qui décide d’aller au bout du monde risquer sa vie pour venger un fils dont il ne s’est pas assez occupé. Le pitch des deux scénaristes, Pauline et Jean-Blaise Djian, est limpide. On est happé sans avoir le temps de prendre une respiration. Le dessinateur est un admirateur visible de Will Eisner, précurseur des années soixante, avec pour décor des paysages parisiens en tout début d’album, plutôt que les rues sombres et les immeubles de New-York du maître américain. L’idée de ce scénario n’est pas neuve, mais cette belle équipe d’auteurs va lui donner une densité qui ne faiblit jamais, sur près de 130 pages. La galerie de personnages est riche et, malgré le côté improbable de l’emprisonnement dans le même établissement sous une fausse identité, on se laisse prendre au jeu de cette prise de risque déraisonnable et jusqu’auboutiste. S’y ajoute le concept incroyable de ville pénitentiaire autogérée, cette prison de San Pedro qui existe vraiment et qui a réellement fait l’objet de visites touristiques ! L’histoire en tout cas est passionnante, bien racontée par ses quatre auteurs, car il ne faut pas oublier le coloriste Eric le Pape qui accompagne Corbet dans des ambiances aux couleurs rares qui campent le décor.
