L'histoire :
À la mort de son épouse, Henri Ducharme lui a promis d’emmener leurs enfants, Andrew et Mary, vers un avenir meilleur. En carriole, il se dirige vers la Californie, malgré les plaintes de sa fille à cause d’une route extrêmement inconfortable. Apercevant une masure au loin, Henri décide de faire halte pour quémander un peu d’eau avant de reprendre la route. Hélas, la famille tombe sur un groupe d’indiens aux intentions belliqueuses. Edmund Fisher, vieux cow-boy expérimenté, intervient alors pour stopper ces infâmes peaux-rouges. Mais il ne parvient qu’à sauver la jeune fille qui reste quelques secondes sous le choc avant de subtiliser l’arme du cow-boy pour achever ses agresseurs. Ed explique ensuite à Mary que tout reste à faire, car la bande n’était pas au complet. Alerté par les coups de feu, le reste du groupe attend certainement plus loin sur la route pour les exécuter. La meilleure solution reste donc d’attendre dans la masure, qu’ils se décident à passer à l’attaque, probablement à l’aube. Les talents de pisteur de Fisher lui laissent penser que le groupe complet est composé de 10 ou 15 hommes. Abrité dans la bicoque, Edmund profite de la nuit pour fabriquer ses propres cartouches avec ce qu’il a trouvé sur les cadavres. Il raconte alors sa longue vie mouvementée à Mary, afin que tous deux restent éveillés jusqu’à l’assaut de l’ennemi…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tiburce Oger a déjà pu montrer son talent pour les westerns avec La piste des ombres, restée inachevée à ce jour. Chez Rue de Sèvres, l’auteur renoue donc avec ses premières amours. Ce one-shot met en scène un « Buffalo runner », c’est-à-dire un tueur de bisons. Tout commence lorsque le héros intervient pour sauver une famille, puis décide de protéger la seule survivante d’une attaque prochaine. Préparant ce qui sera peut-être son dernier combat, le vieux cow-boy relate sa longue vie au cours d’un flashback. Kidnappé par des indiens alors qu’il est encore bébé, racheté par des comancheros, adopté par des fermiers qui le battaient, volontaire de l’armée confédérée, chasseur de bisons puis simili-« shérif » pour une ville fondée par des européens aux dents longues, Edmund Fisher a tout vécu. Il a aussi connu de nombreuses déceptions qui l’ont amené à haïr certaines personnes et à vivre avec des blessures inguérissables. Répondant adroitement aux canons du genre, Oger nous livre un récit riche, donnant beaucoup d’épaisseur au personnage principal. Qui plus est, le fait de placer une grosse partie du récit en flashback renforce l’intensité du duel qui aura lieu en fin d’album. Au fil du récit, l’auteur laisse transparaître son point de vue sur des sujets comme la guerre ou la manière dont les colons ont jadis traité les indiens. Sur le plan graphique, Oger livre une nouvelle fois une partition parfaite, aussi bien en ce qui concerne les décors, les personnages, l'action… Un indispensable pour tous les fans de western et/ou de récits aussi intelligents qu’efficaces…