L'histoire :
En 1929, Chaplin fête seul ses 40 ans. Triste et inquiet de la pauvreté et de la précarité qui sévissent dans le pays, il n’a pas le cœur à rire, ni à partager. Alors qu’une jeune femme vient lui faire du gringue dans un restaurant, il reste inflexible, démoralisé par les queues interminables devant la soupe populaire ou les pauvres gens qui font la manche devant les restaurants. Alors que ses amis, dont le producteur Joseph Schenk, s’offusquent des propos « communistes » du nouveau président des Etats-Unis, Herbert Hoover, un républicain bon teint, pourtant, Charlie appelle dans une tribune à un « changement radical ». C’est pourtant sur le yacht de Schenk qu’il rencontre sa future troisième femme et égérie, Paulette Goddard, qui jouera avec lui dans Les Temps Modernes puis le Dictateur. Le militantisme de Chaplin ne passe pas vraiment dans une Amérique réactionnaire et un certain J. Edgar Hoover, qui vient de créer le FBI, jette son dévolu sur l’anglais…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Troisième et dernier volet de ce triptyque à l’identité visuelle marquée. Le dessin est soyeux, les corps dégingandés ont une classe folle et les couleurs d’une grande douceur donnent à l’album des allures de recueil. Beau, donc, élancé. Le travail de David François est toujours magnifique. Le scénario de Laurent Seksik est bien mené, vif, même s’il va peut-être un peu vite à la fin. La vie extrêmement riche de Charlie Chaplin l’a obligé à des raccourcis et des choix, mais cette trilogie reste très agréable à lire, bien documentée. Chaplin venait d’un niveau modeste et ses prises de position en faveur des pauvres gens, ses films comme Le Kid, Les temps modernes lui ont valu l’inimitié de la droite réactionnaire américaine, au premier rang de laquelle le fameux J. Edgar Hoover qui ne reculait devant rien pour faire interpeller les personnes qui ne trouvaient pas grâce politiquement à ses yeux de « communisme ». Pendant la guerre froide, cela équivalait à un aller simple en prison, ou un retour au pays d’origine pour ceux qui, comme Chaplin, avaient fui la misère et la faim. Sauf que Chaplin part en multimillionnaire et finira sa vie en Suisse avec sa dernière épouse, Oona O’Neill, qui lui donnera huit enfants. Tout est bien qui finit bien.
