L'histoire :
Juillet 1918, dans les tranchées françaises, le sergent Joseph Darnand est convoqué par son lieutenant. Leur régiment a été désigné par Pétain pour mener une action décisive sur les monts de Champagne. Les allemands préparent une offensive sans précédent qui sera supervisée par le Kaiser lui-même. L’objectif est de les prendre de vitesse et leur couper l’herbe sous le pied. Cette opération est baptisée Directive 4. Juste avant que les allemands passent à l’attaque, le régiment abandonnera leurs tranchées : les ennemis avanceront et là, ils seront face à une défense regroupée qui leur tombera dessus. Pour cela, il faut connaître l’heure précise de l’attaque : l’officier demande à Darnand de monter un corps franc de vingt hommes qui ira chercher les renseignements derrières les lignes...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce triptyque prévu, Fabien Bedouel et Patrice Perna s’intéressent à un sous-officier qui s’est illustré par sa bravoure durant la Grande Guerre mais... qui va se comporter comme un vrai salopard lors de la seconde, en devenant un collabo zélé. Les premières pages de cet album sont consacrées à son plus grand fait d’arme, en 1918. On le retrouve 20 ans plus tard, alors qu’il est un membre actif d’un mouvement anticommuniste et antisémite. Avec d’anciens compagnons d’armes, il aspire à renverser la IIIème république, mais la France déclare la guerre à l’Allemagne et il s’engage à nouveau dans les chasseurs alpins. Dépeint comme un leader charismatique qui est prêt à tout pour sauver ses hommes, Darnand est également un homme animé d’une brutalité viscérale, et dont la noirceur d’âme va progressivement se révéler. La période entre 1918 et 1938 est éludée, ce qui aurait certainement permis de comprendre les causes de son évolution vers une idéologie extrémiste. Peut-être sera t-elle évoquée en flashback dans les prochains opus ? Le scénario de Patrice Perna est un juste équilibre entre faits réels et situations romancées, ce qui donne tout son dynamisme à ce récit. La finalité n’étant pas une restitution historique fidèle, mais avant tout une BD d’aventure. Fabien Bedouel, familier des récits aux contextes historiques, restitue avec beaucoup de maîtrise les ambiances de combat. Son trait fin est particulièrement mis en valeur par une mise en couleur subtile.