L'histoire :
1943, en Angleterre, sur la base aérienne de Ringway, les services secrets britanniques qui ont pour mission de soutenir la résistance française, reçoivent Monsieur Paul. Ce dernier vient de France pour livrer les dernières informations concernant « Chérubin », un agent infiltré dans la milice de Joseph Darnand. Ancien compagnon de Darnand, Ange Servaz, du nom de code « Chérubin », a été choisi pour persuader le collaborationniste de retrouver la raison et de revenir au sein de la résistance. Il doit le convaincre que Laval, qui souhaite être le bras armé du gouvernement de Vichy, ne partagera pas sa zone de pouvoir et qu’il sera le seul à faire régner l’ordre en France. En faisant ainsi douter Darnand, tout le système de la collaboration pourrait se fragiliser. L’officier anglais est persuadé que Darnand, un idéaliste, ne changera plus de camp et qu’il restera fidèle au pouvoir de Vichy. Si chérubin ne peut plus « retourner » Darnand, peut-être peut-il encore l’éliminer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Joseph Darnand est une figure majeure de la collaboration française, qui a occupé les fonctions de chef opérationnel d’une des milices proches de la Gestapo. Cet ancien militaire, qui a pu faire preuve de bravoure durant la première guerre mondiale, va se montrer un collabo des plus barbares. Cette BD s’inspire de faits réels, mais elle ne se veut pas être un ouvrage strictement fidèle aux faits historiques. Certains éléments, personnages ou faits sont en effet issus de l’imagination des auteurs. Ce second volume s’attarde sur les manœuvres mises en place par la résistance pour se débarrasser de Darnand, avec la complicité d’un ancien compagnon de route. Le scénario est habilement échafaudé car le personnage d’Ange Servaz, qui occupe une place centrale dans ce second volet, est suffisamment ambigu pour laisser tout au long de l’album des doutes sur ses intentions réelles et la nature sincère (ou pas) de sa relation avec Darnand. D’autre part, le cynisme des hommes de réseau, la violence des milices, les luttes de pouvoir, sont autant d’éléments retranscrits avec justesse, qui donnent toute sa crédibilité au récit ainsi que son caractère captivant. Même les lecteurs qui ne sont pas férus d’Histoire se laisseront embarquer dans ce récit sombre, au suspense très bien mené. Fabien Bedouel, avec son trait fin et léger, se concentre sur les personnages pour leur donner toute leur gravité. Les aplats de couleurs laissent peu de place au blanc, uniquement utilisé pour accentuer le regard des protagonistes.