L'histoire :
Sud de l’Argentine, 1886. Des centaines d’aventuriers sont se rués pour faire fortune en Patagonie, attirés par l’or. Des hommes cupides, sans intelligence, sans imagination, sans scrupules, qui, une fois le filon tari, mettront les voiles. Julio Popper n’est pas de cette trempe. Il cherche juste une terre où s’installer et vivre après des années d’errance. Quelques semaines plus tard, à Buenos Aires, Julio Popper, accompagné de son ami Don Lucio, a rendez-vous avec le Président argentin Roca pour lui exposer son projet d’expédition. Il souhaite mettre à profit ses connaissances scientifiques pour chercher de l’or, mais aussi cartographier la Patagonie. Cette démarche permettra à l’Argentine de dominer réellement ce territoire immense. Le Président Roca approuve et offre à Julio Popper les moyens de ses ambitions : partir en compagnie de l’ingénieur spécialiste des Mines, Don Julio Carlsson, et de quinze hommes armés en prévision d’attaque d’indiens hostiles... En sortant de cette entrevue, Don Lucio retrouve Jose Manuel qui souhaite en savoir plus sur ce Julio Popper. Il est né à Bucarest. Son vrai prénom est Iuliu. Il a grandi parmi les livres de son père, qui était libraire et qui organisait des discussions dans sa librairie. À 17 ans, il part seul étudier à Paris. Il est diplômé à l’École nationale des Ponts et Chaussées, en 1879...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Julio Popper a vécu plusieurs vies en une. Il a parcouru le monde de long en large. Il parlait 10 langues. L’aventure était son terrain de jeu. « Julio Popper aurait fait un formidable conquistador s’il avait été espagnol et était né quelques siècles plus tôt ». Matz s’empare de cette existence pour en tirer une histoire au souffle épique. Il s’attache surtout à dévoiler la personnalité de Julio Popper sans porter de jugement. D’emblée, c’est sa personnalité énigmatique qui interpelle. Quand il pose ses valises en Argentine, on ne sait pas trop ce qu’il est venu chercher. Quand il expose son entreprise au Président argentin, il joue la carte de la séduction (sa méthode révolutionnaire pour trouver de l’or) et la fibre patriotique (cartographier cette région permettra « d’asseoir définitivement la domination de l’Argentine sur ces territoires immenses »). Mais au fond, est-ce bien cela qui l’intéresse ? C’est le défi permanent qui l’excite. Son intelligence visionnaire lui permet d’avoir un coup d’avance sur les autres. Il ne s’arrête jamais d’innover avec des projets chroniques. Une fois sa première laverie d’or installée, il en invente une nouvelle qui nécessiterait moins d’hommes. Il ambitionne de créer des élevages de moutons, d’installer le télégraphe jusqu’à l’extrême sud et la fameuse ville d’Ushuaïa. On dirait un personnage de Jules Verne, cet homme est un tigre. Il semble inarrêtable ! Léonard Chemineau embrasse cette destinée avec talent. Son dessin, mis en lumière par des couleurs directes réalisées à l’aquarelle, donne une vraie force au récit. Les espaces d’El Paramo semblent infinis sous ses coups de crayons. Et que dire du visage du héros aux traits fins et ciselés. Avec cet album, la légende Julio Popper est en marche !
