L'histoire :
Les créateurs du cinéma cherchent à stabiliser, rentabiliser et généraliser leur jeune industrie, au début du XXème siècle. Les producteurs concurrents Pathé et Gaumont continuent leur rivalité, parfois ridicule, souvent drôle, avec au milieu, Alice Guy qui réussit à s'imposer dans la mise en scène. Aux Etats-Unis, l’inventeur Edison, protège bien ses droits techniques et donne du fil à retordre aux français. Ceux-ci sont en effet tentés par le débouché américain, qui peut apporter l'accélération de leur industrie. Pathé et Gaumont vont alors s'entendre pour se partager les marchés. Gaumont lance la filiale Solax, avec Alice et son mari à la tête, tandis que Pathé, quasiment interdit aux USA, s'occupe du territoire français. En fait, seule Alice va réellement aux USA, où elle a l'audace de faire tourner des noirs. De son côté, Gaumont développe l'appareil sonore permettant le cinéma parlant. L’avenir leur donnera raison, bien plus tard, et bien au-delà des espérances... Pour l'heure, c'est la guerre entre eux, ainsi qu'avec les producteurs américains, comme Goldwyn et Mayer. On croise aussi Chaplin et Max Linder. Quel est le devenir de ces pionniers et celui du cinéma avec la première guerre mondiale qui arrive ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La naissance du cinéma, d’abord une technique curieuse, était racontée dans le premier tome La machine du diable, remarqué et apprécié. Ce second volume est aussi bien conçu que le premier et il poursuit superbement cette ligne originale, réalisée avec grand soin. Les personnages existent (et le fait qu'ils soient réels ne facilite pas la tâche...) dans cette histoire orageuse et vivante, authentique. Cela n'est pas surprenant, les auteurs maintiennent la barre aussi haut que pour la première partie. Cette histoire nous touche par l'humanité des personnages très bien représentée, avec leurs défauts, leurs faiblesses. Le dessinateur Jean-Baptiste Hostache va à l’essentiel en restant précis, avec justesse. On ne peut que reconnaître les qualités authentiques et sincères d’écriture et de mise en scène. Les belles couleurs, cohérentes selon les époques et les scènes, d'Hostache et d'un autre Jean-Baptiste (Merle), sont pour beaucoup dans le rendu singulier de l'album et du diptyque. Avec 130 pages sur beau papier et la tranche toilée, on a plutôt affaire à un double album qui ne dit pas son nom mais prouve sa qualité. Un dossier final présente la douzaine de pionniers cités, avec leur devenir, et il liste les débuts du cinéma en principales dates et étapes. Enfin, quelques exemples de découpages, crayonnés, jusqu'à l'encrage et la mise en couleur closent ce magnifique album. Un diptyque somptueux et indispensable !