L'histoire :
Un soir de pleine lune, à quelque distance d’un village planté dans un vaste paysage aride, un jeune africain attend au pied d’un baobab, son paquetage à ses côtés. Des hommes arrivent dans un pick-up. Une rixe s’ensuit, un coup de feu part… Le jeune homme est chargé blessé et inconscient dans le pick-up. Des années plus tard, le sorcier local voit un pauvre hère revenir du désert en guenilles et en sang. Ce dernier se fait malmener par les villageois lorsqu’il tente de voler un peu d’eau sur le marché. Le pasteur lui vient en aide. Il le loge et le soigne durant une paire de semaines. L’homme mutique sera baptisé « Ange » car, en théorie, personne ne revient du désert. A cette période, le village vit sous perfusion des emplois fournis par Claudia pour la construction d’une « route de l’ouest ». Elle est secondée par un blanc, Benjamin, qui est marié (par intérêt ?) à Grâce, la fille de Claudia. Grâce aimerait devenir chanteuse. La problématique économique du quotidien, c’est autant la main d’œuvre qui manque – les hommes cherchent tous à migrer vers l’Europe – que l’approvisionnement en essence au milieu du désert. Les trafics et la corruption perturbent grandement cet équilibre précaire, d’autant que dans les hauteurs, les natifs s’apprêtent à agir pour mettre un terme au chantier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Terre gâtée a beau se dérouler en Afrique et de nos jours, c’est une histoire à vivre véritablement comme un western de la fin XIXème. Les « errants » sont les alter-ego des cow-boys (migrants de passage), et les peaux-rouges sont incarnés par les natifs, aux pulsions protectionnistes et sauvages. Pour le reste, on retrouve de nombreux éléments communs : la mainmise limite esclavagiste d’un potentat local sur le petit peuple indigent, le saloon et ses prostituées, la construction d’une route à la place du chemin de fer, le chaman oiseau de mauvais augure, la dramatique et funeste injustice en marche, les magnifiques paysages arides… Sous le dessin encré réaliste de Christian de Metter, une colorisation directe un peu rough amplifie la cohérence visuelle en faveur de la rudesse des mœurs. Par moment, avec ses cadrages d’ambiance en plongée sur la rue principale, on a l’impression que de Metter se la joue Sergio Leone dans Il était une fois dans l’Ouest. C’est dans ce contexte parfaitement au point que les scénaristes Marguerite Abouet et Charli Beléteau prennent le temps de mettre en scène les bases d’une erreur judiciaire finalement très classique dans le registre, mais parfaitement efficace sur l’indignation qu’en retire le lecteur. Cette série devrait s’étaler sur 4 tomes : chouette !
