L'histoire :
Missouri, septembre 1874, un officier de cavalerie et un indien se croisent dans la plaine de Fort Henry. L’indien est le plus rapide, il dépouille le cadavre du cavalier d’une flasque dont il vide le contenu. Un mois plus tard, en Oklahoma, un voyageur perd sa mule en pleine tempête, l’indien du Missouri est sur sa piste. Il attend que l’étranger s’endorme sans même avoir réussi à faire un feu et s’approche de son pauvre campement. Le jeune homme se réveille tout à coup et affronte son destin sans sourciller, enjoignant l’indien de le tuer. Il a déjà vu la mort de près, en 1871, pendant la commune de Paris ! Mais l’indien ne fait pas feu. Il s’empare du seul bagage d’Antoine : un violon. Il lui tend pour qu’il en joue. Finalement, les deux hommes font connaissance et partagent même un serpent au petit déjeuner. Le français explique à Two Moons qu’il va continuer vers l’ouest. Il parait qu’on peut y faire fortune. Mais il n’y arrivera pas sans monture. Alors l’indien part en quête et demande à son nouveau compagnon de l’attendre. A la fin de la journée, lassé de ne pas le voir revenir, Antoine se remet en route, seul, regrettant de s’être fait berner. Alors qu’il progresse péniblement sous la pluie, Two Moons le rejoints avec un âne et des vivres. Le jeune homme n’est pas à l’aise de ne pouvoir participer aux frais, mais l’indien explique qu’il n’attend que de la musique de l’impétueux français.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’ouest américain du XIXème siècle est une vaste source d’inspiration pour le 9ème art et les années qui passent n’y changent rien. Compadres, c’est l’histoire d’une rencontre entre un français qui a vécu la Commune et un indien dont la famille a été massacrée par des colons hors la loi. Il va se lier autour de ces personnages une aventure impitoyable, à l’image de bien des histoires de cette époque au Far Ouest. Le scénario de Colin-Thibert porte en lui un souffle de révolution à travers la commune vécue par Antoine Armadin, la vengeance à petits pas de Two Moons et la condition des mineurs de fonds. Il apporte une base solide à l’expression du trait nerveux de Pontarolo sculpté dans la couleur sombre à dominance ocre. Il apparaît comme taillé dans la masse de la conquête de ces territoires baignés du sang des peaux rouges. Il exprime la violence des hommes, les intempéries et la poussière par une atmosphère visuelle sombre, dense. Les idéalistes côtoient les pires truands dans ces territoires où les lois changent d’une ville à l’autre. Et déjà, l’argent dicte ses lois en détroussant les autochtones de leur nature pacifique, jusqu’à les transformer à leur tour en monstres dignes des pires colons européens. Et chacun de ces personnages ignobles a sa place dans ce western âpre et sans pitié.
