L'histoire :
Pour ce 44e meeting de la société TREPAS, c’est Yvonne, la directrice de la zone ouest qui est chargée de donner le nom des meilleures employées du mois. Malgré les difficultés croissantes à exercer leur métier, en raison, en particulier, des progrès de la science, Pauline, Magali et Arlette sont lauréates : elles ont réussi à réaliser 96% des livraisons de ce début d’année. Et par livraison, il faut entendre : « cartes noires » c'est-à-dire des petits passeports pour la mort. Car l’entreprise dont il est question a pour finalité d’interrompre la vie de chacun, comme il l’est écrit dans le grand livre du destin. S’il y en a bien une, cependant, qui est mécontente du résultat, c’est Madame Lamort. Aussi est-elle décidée à obtenir des explications auprès d’Yvonne. C’est pourtant bien simple : une de ses distributions a été invalidée et pire, elle s’est fait rouler par un client. Philippe Bavasse a, en effet, joué avec elle sa mort aux échecs et en trichant, il a gagné. Pour réparer l’injustice et régler son compte au tricheur, elle subtilise alors ses coordonnées dans le sac à main de sa supérieure. Elle découvre bientôt que le fils du bonhomme est scolarisé dans la même classe que sa petite Joëlle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après 10 petits insectes bluffants, Davide Cali remet la gomme pour une nouvelle série qui, à l’instar de l’album précédent, manie délicieusement humour noir, cynisme, décalage et légèreté. Rodée à l’illustration jeunesse via plusieurs publications, c’est Ninie qui, lors d’une rencontre sur un festival, a fait part au scénariste transalpin de son envie de faire jouer ses pinceaux dans un univers un chouya plus sombre. Un de ceux que ne renieraient ni Tim Burton, ni les Adams et consorts. Quelques crayonnés et storyboard plus tard, Joëlle est née : huit ou neuf ans, un carré rose bonbon, un chien sympa, pas des masses de copains, mais surtout une drôle de maman. Cette dernière est en effet une faucheuse dernier-cri : son boulot consiste à distribuer pour la société TREPAS des cartes noires, sortes de petits passeports pour une mort annoncée. Et pour mettre un peu de sel dans cette existence plan-plan, rien de tel que de se charger du paternel du seul copain de Joëlle, pour enfin devenir l’employée du mois… Drôle de bout en bout, et pourtant a priori destiné à un public jeune, l’album fait mouche aussi chez les plus grands : l’univers déployé est un savoureux terrain de jeu permettant différents niveaux de lecture. L’humour noir est parfaitement maitrisé, le propos est intelligent et la relation mère-fille est un bijou de décalage (on se demande qui est la plus adulte des deux)… Bref, on s’attache avec facilité à cette maman manipulatrice-tricheuse et à sa petite protégée. D’autant plus que le travail de Ninie fait la parfaite synthèse entre humour, univers gothique et légèreté enfantine : le choix de la colorisation est excellent, on aime les bouilles rondes et leur expressivité et la parfaite lisibilité du dessin. A conseiller, vivement…
