L'histoire :
Paris, Nouvel An 2023. Que peut-on deviner de quelqu’un par la seule observation de son appartement ? C’est une question à laquelle il semble aisé de répondre. À première vue, il suffit de regarder quelques éléments : un appareil photo, des pellicules, un lit défait, de la vaisselle entassée dans l’évier, une platine vinyle, des livres, un ordinateur. De toute évidence, David Zimmermann, 34 ans, est photographe. Il est en train de prendre sa douche. Son meilleur ami Harry Faugier vient le chercher parce qu’il y a une soirée. Et oui, ce soir c’est le nouvel an. Il faut se dépêcher, les deux amis sont déjà à la bourre. David enfile un T-shirt et des chaussettes. Il met ses chaussures. Harry informe David que Judicaëlle sera là ce soir. David n’a jamais aimé le nouvel an et ce n'est pas cette soirée qui changera la donne. Après avoir pris le métro, ils arrivent à destination. Manque de bol, ils n’ont pas le code d’entrée. David appelle Alice qui lui donne le code. La soirée a fait le plein. Alice, l’ex de David, vient leur dire bonjour. Harry s’échappe car le dealer arrive avec ses ecstas. David en prend un. La soirée bat son plein, tout le monde danse. David observe et son regard croise celui d’une femme inconnue. Ils s’embrassent, couchent ensemble. Le lendemain matin, David se retrouve dans la peau de cette jeune femme inconnue.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après L'aimant puis La dernière Rose de l'été qui ont marqué les esprits, mais pour lesquels il manquait un petit quelque chose, Lucas Harari revient avec cet album très particulier. Son frère Arthur Harari est de la partie, et il n'est pas un inconnu pour ceux qui s'adonnent au 7ème art. Il est, entre autre, le scénariste d'Anatomie d'une chute, un film qui a raflé la Palme d'or à Cannes en 2023, le César 2024 du meilleur film, mais également le César et l'Oscar du meilleur scénario. Une très belle référence ! Avec Le cas David Zimmerman, ce qui frappe d'emblée, c'est l'atmosphère froide et mystérieuse qui envahit l'espace, capte l'attention, accapare l'esprit, ici même. Deux personnages bien différents nous embarquent, Harry est affable, jamais le dernier pour vous taper la main sur l'épaule, un peu brut de décoffrage par moment. Et puis, il y a David, perdu dans le monde où il vit. Il ne se sent pas à sa place. Il cherche une issue. Une rencontre inopinée va tout changer. Le scénario est particulièrement bien construit autour d'un mystère palpable, les personnages parfaitement ciselés. Et puis il y a la richesse des thèmes abordés, la question de l'identité, du genre, de l'ouverture d'esprit, de la dualité, du fatalisme, du déterminisme, de la religion, le poids de l'hérédité. Pour ses premiers pas dans le monde la BD, Arthur Harari signe un récit intense aux confins du fantastique. Lucas Harari montre une nouvelle fois sa singularité graphique que l'on a pu entrevoir à St Malo lors d'une expo remarquable. Sa patte de velours sobre, aux accents de ligne claire, s'est affinée. Ses perspectives de décors comme ses couleurs sont toujours aussi envoûtantes. Avant de se lancer dans la BD, Lucas Harari a entrepris des études d'architecture... Le cas David Zimmerman n'a pas fini de vous hanter l'esprit, longtemps après avoir fini sa lecture et s'impose comme l'une des belles surprises de cette fin d'année.
