L'histoire :
Né en 1933 dans une famille aisée, le jeune Piero Manzoni passionné de bande-dessinée est marqué depuis son plus jeune âge par l’avènement, puis la chute du fascisme, en Italie. Après le collège, Piero fréquente avec succès le lycée Leone XIII en filière littérature. En 1946, de retour à Milan, la ville est à moitié détruite par les bombardements alliés. Eprouvée par les longs mois d’occupation, elle est à genoux. Mais elle se relève très vite. À la fin des années 1940, Milan est prête à guider l’Italie vers ce qu’on appellera plus tard le « boom économique ». La ville est un immense chantier à ciel ouvert. C’est à cette époque qu’Egisto Manzoni meurt prématurément à la suite de problèmes cardiaques. Piero n’a que 15 ans... C’est à Albisola en Ligurie que les Manzoni ont l’habitude de passer leurs vacances. C’est un village fréquenté par de nombreux artistes comme Wifredo Lam, Asger Jorn, Enrico Baj, Alfredo Fabbri, Giuseppe Migneco ou le sculpteur argentin d’origine italienne Lucio Fontana. C’est ce dernier qui fait découvrir la sculpture au jeune Piero Manzoni. La graine est plantée.... Le jeune homme continue tant bien que mal ses études jusqu’en 1955, date à laquelle il décide d’abandonner l’université de Rome pour approfondir et renforcer son lien avec la peinture. De retour à Milan, c’est à cette période que l’artiste se découvre, se décide et s’autodétermine en tant que tel...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En seulement quelques années, le jeune plasticien Piero Manzoni a marqué de son empreinte les avant-gardes italiennes et européennes de l’après-Seconde Guerre mondiale, avant de s’éteindre à l’aube de ses 30 ans dans son atelier milanais, le 7 février 1963. Durant sa courte vie d’artiste, l’homme a légué des tableaux sans peinture, des peintures sans couleur, des lignes sans dessins, des sculptures vivantes, mais surtout la pratique d’un art total qui ne fait pas de distinction entre l’art et la vie. Paolo Bacilieri rend hommage à cet artiste singulier en s’attachant à décortiquer sa vie, dès son plus jeune âge, marqué par l’arrivée du fascisme en Italie, jusqu’à sa carrière d’artiste toujours guidée par un besoin irrépressible de liberté. Du côté du graphisme, Paolo Bacilieri a opté pour du noir et blanc avec des dessins épurés agrémentés de pointillismes. Ce choix colle au récit et au charme suranné des années 50. Au final, même si certaines scènes sortent tout droit de l’imagination de Paolo Bacilieri pour habiller un peu cette bande-dessinée sur la vie de Piero Manzoni, il n’en reste pas moins que l’auteur a su cerner la vie et l’œuvre de Manzoni, portées par un désir d’expression absolue. Si Piero Manzoni reste encore peu connu du grand public en France, cette bande-dessinée s’avère être un bon point d’entrée sur cet artiste hors du commun et ô combien avant-gardiste !
