L'histoire :
Avant de commencer son opération, le chirurgien rassure son patient, lui disant que tout va bien se passer. Puis il commence à inciser. Jusqu’au moment où il retire le Godzilla du ventre de son petit frère, ça se déroule bien. Mais alors qu’il s’apprête à recoudre, une hémorragie se déclare subitement, la sauce tomate jaillit en tous sens. Ça se complique jusqu’au point où il faut utiliser le défibrillateur (deux fers à repasser) le « tiiiiiiii » de l’encéphalogramme ne laisse aucune autre alternative. Un « schlack » plus tard, le patient rouvre les yeux, il est sauvé. Le jeu se termine, les deux enfants s’apprêtent à ranger tout le bazar qu’ils ont mis avant que Maman les appelle pour manger. C’est alors que Thomas s’écroule subitement, Louis comprend qu’il ne joue plus et appelle sa mère au secours. Plus tard, il tente une fois encore d’échapper au camp scout où ses parents l’envoient, mais sa mère lui explique qu’il est obligé. Difficile à 12 ans de faire sa place parmi deux clans d’ados qui s’affrontent, les castors contre la patrouille des sangliers. En qualité de nouveau castor il est désigné d’office pour affronter le nouveau sanglier. Les deux garçons n’ont aucune envie de se battre mais au son des insultes qui pleuvent sur eux, Louis se jette à contrecœur sur son adversaire terrorisé. Mais alors qu’il s’apprête à lui asséner un coup au visage, il y voit subitement celui de son petit frère et recule brusquement. C’est le moment choisi par les moniteurs pour interrompre ce chahut indigne d’un camp scout.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Les pieds dans le béton, Nicolas Wouters et Mikaël Ross se retrouvent pour une histoire d’ados en pleine transition vers l’âge adulte. Au cœur de la forêt où se déroule un camp scout, la vie va laisser son emprunte dans celle de ces jeunes gens. Le thème est dur sur bien des aspects : violence physique, tête de turc, premiers émois sexuels ou perte d’un proche prennent part à cette histoire initiatique. Le dessin chargé d’émotion de Mickaël Ross porte en lui les tortures psychologiques que supportent les personnages. Dans la pénombre oppressante de la forêt, il accompagne les silences qui en disent long d’un scénario ambitieux et riche, quitte à être difficile à suivre par moment. La totemisation de Louis entraine une incursion dans le fantastique, une manière de lui donner la force d’affronter le pire. La symbolique parfait la métaphore et l’atmosphère magique donne l’espoir d’un mauvais rêve dont tout le monde sortirait indemne… mais non. Apre, sombre et implacable jusqu’à en devenir bouleversant, Totem est une claque pour ceux qui veulent croire que la vie est belle. La couverture surfacée qui figure la solitude du héros offre une présentation de choix à cet album intense et contemplatif.
