L'histoire :
Janis et Jonas sont deux artistes de talent. Mais Janis a le vertige. Seul Jonas peut l'en guérir, lui faire oublier cette phobie. Avant, Janis et Jonas étaient seuls, chacun de son côté, et ils avaient fait le constat qu'ils n'avaient pas de semblables dans ce monde. Malgré cet ennui, ils rêvaient de trouver cette personne qui les compléterait. Et puis un jour, ils se rencontrent. C'est l'évidence, l'harmonie parfaite, ils sont comblés et ne se quittent plus. Les deux artistes ont des dons dans à peu près tous les domaines. Ils sont exigeants dans leur art et se complètent. Ils vivent dans leur bulle, tiennent des conversations pendant des heures, débattent... Ils ont trouvé le moyen de vivre une lune de miel permanente. Hélas, un mauvais virus vient chambouler leur train de vie. Il oblige tous les habitants à rester cloîtrés chez eux, un confinement est annoncé. Au début, cela est plutôt agréable, mais très vite, les gens n'en peuvent plus d'être enfermés entre quatre murs. Ce qu'il faudrait, c'est un poète qui pourrait griser les cervelles. Mais l'île n'abrite pas d'auteur de ce talent. Janis et Jonas pourraient se porter volontaires, mais ils préfèrent travailler pour eux-mêmes. Et puis voilà qu'un jour, l'un de leurs chiens s'enfuit. Janis et Jonas le suivent, découvrent le monde extérieur, la ville. Ils retrouvent leur chien, qui regarde un homme voler. Il se présente. Il s'appelle Giuseppe et il a le don de léviter. Fascinés, Janis et Jonas l'intègrent à leur ménage.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Gabrielle Piquet, autrice des Idées fixes, de La mécanique du sage, ou encore de La nuit du misothrope, propose pour la première fois un album en couleurs. Dès la couverture on remarque son style graphique, qui n'est pas sans rappeler celui de Sempé par son minimalisme, sa délicatesse et sa poésie. Dans cet ouvrage, elle questionne l'amour au sens large, en soulevant de multiples questions : comment aimer en restant soi-même ? Comment rester libre tout en aimant ? Quels bienfaits apporte la complémentarité d'un couple, tout comme la solitude ? Avec ses personnages, elle réfléchit aussi sur les personnes à haut potentiel intellectuel, sur les difficultés qu'ils peuvent rencontrer pour vivre et s'intégrer en société. Elle s'est inspirée d'un texte de Montaigne qui questionne l'amour, mais aussi de la figure de San Giuseppe da Copertino, qui est célèbre pour le récit de ses lévitations (un petit texte en fin d'album apporte cet éclairage). De nombreuses influences donc, pour un scénario qui se veut onirique, mais ouvrant également une approche philosophique. Aucune réponse à tous les questionnements soulevés n'est apportée. C'est au lecteur de s'interroger ou non sur ces questions. Graphiquement, Gabrielle Piquet s'affranchit des traditionnelles bordures de cases, pour proposer des planches libres, où la couleur en arrière-plan délimite les zones et facilite la lisibilité. Un ouvrage étonnant à la lecture, mais réalisé avec subtilité.
