L'histoire :
Dans la ville de Detroit isolée du reste des Etats Unis, la population est au coeur d'une lutte de pouvoir sans merci entre le mystérieux Ike Mercy, qui prétend protéger son autonomie, et les troupes de "Father", qui cherchent à reprendre le contrôle de la ville. Le groupe des jeunes mutants appelés Fils Un à Quatre est le cheval de Troie des forces loyalistes Etats-Uniennes, qui a été envoyé au cœur de la ville lors d'une action commando, dans le but d'abattre Ike Mercy. Contrôlés à distance par Father via leurs implants mentaux, les enfants soldats doivent gérer au mieux leurs pouvoirs, dont chaque utilisation les fait vieillir de plusieurs années et les rapproche d'une mort certaine. Faits prisonniers par Mercy et sa sœur qui exercent un contrôle mental sur la population de Detroit, ils reçoivent les consignes d'un QG distant, affaibli par le combat psychique que se livrent à distance Ike et Father. Alors que l'expédition des enfants mutants touche son étape la plus cruciale, la présidente de Etats-Unis décide de se rendre au cœur de la ville, derrière son énorme mur d'enceintes. Elle convoque la presse et les chaînes de télévision pour venir démontrer sur le terrain son courage politique, au cœur d'une campagne électorale pour laquelle les sondages la donnent perdante. La reconquête de Detroit devient un enjeu politique symbolique, alors que le pouvoir central avait lui-même décidé d'abandonner la ville à son sort après la crise économique qui avait vu son effondrement. Au cœur des révélations sur les motivations des deux camps en présence, le sort d'une population coupée du monde va se jouer...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le second tome de cette série d'anticipation plutôt fascinante était attendu au tournant, tant les inconnues étaient nombreuses. Quels sont les enjeux des luttes de pouvoir autour de la ville de Detroit, quelles sont les raisons de cet isolement, et surtout: qui croire parmi les belligérants ? L'album débute de manière convaincante avec un flashback qui donne quelques éléments de réponse, puis il monte en puissance dans l'affrontement attendu au cœur de la ville. Sur ce plan, il répond aux attentes et apporte au lecteur un bouclage sur de nombreuses questions laissées en suspens. Du côté de la narration, il demande pourtant un peu d'effort de concentration, de par sa densité en évènements et sa mise en images pleine de détails. Le dessin de Stéphane Bervas est, à bien des égards, fascinant dans sa puissance visuelle. En visitant son blog, on se prend à questionner l'alliance assez particulière qu'il forme avec les coloristes de Digikore Studios. Sombre et glauque dans l'esprit, elle tend à faire disparaître la profondeur des plans des cases de Bervas, amenant toutes les informations au même niveau et compliquant quelque peu leur lecture. La page 17 est à cet égard assez typique d'une difficulté des illustrateurs à faire bouger leur caméra dans une scène complexe et à focaliser le lecteur sur le détail qui compte. C'est cette absence de fluidité qui empêche cette histoire en deux tomes d'être le choc qu'on espérait à la lecture de ses toutes premières pages. Il n'en reste pas moins un concept intéressant bourré d'idées visuelles qu'on aurait aimé voir durer plus longtemps. Une preuve, en tout cas, du potentiel de ses deux auteurs, Stéphane Betbeder et Stéphane Bervas... pour de futurs grands albums à venir ?