L'histoire :
En 2021, aux Etats-Unis, la ville de Detroit a décrété son autonomie. A la tête d'une armée efficace et déterminée, un dénommé Ike Mercy maintient les populations sous son contrôle. Face à la pénurie alimentaire, une majorité de la population ne songe qu'à gérer sa survie. Des largages de vivres sont organisés par le pouvoir central, soigneusement canalisé par l'armée de Detroit dès que les colis touchent le sol. Mais le pouvoir central n'a semble-t-il pas renoncé à reprendre la ville. Une expédition est d'ailleurs organisée, supervisée par un colonel également surnommé « Father ». Au cœur d'une colonne de blindés surarmés, un véhicule abrite un groupe de 4 jeunes enfants, nommés « fils 1 » à « fils 4 », aux étonnants pouvoirs mutants. Ils sont largués dans la ville et leur périple commence. Or leur comportement est tout sauf enfantin, d'autant que chaque utilisation de leurs pouvoirs les fait vieillir de plusieurs années. Pendant ce temps, dans une ancienne gare désaffectée, Mercy supervise les troupes qui contrôlent la ville. Disposant de pouvoirs psy qui compensent sa cécité, il est surveillé par une garde rapprochée qui tente d'influencer son comportement...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est dans la Michigan Central station, un peu à l'écart du centre ville, que se situe le QG des séparatistes de Detroit. Cette impressionnante ruine existe réellement dans cette ville industrielle, symbole de l'Amérique des débuts du XXème siècle. Construite en 1913 et abandonnée depuis 1988, elle est une sorte de lieu culte adoubé par des artistes aussi divers qu'Eminem ou le réalisateur Michael Bay, qui y ont tourné des images superbes où les rayons du soleil traversent les vitres brisées et tombent sur le sol d'immenses pièces vides. Un cadre bien utilisé par le dessinateur Stéphane Bervas, fraîchement reconverti de l'univers des jeux vidéos, qui démontre un réel talent de mise en scène des paysages urbains. De belles images de ville désertée ou de bâtiments détruits, qui compensent un relatif manque d'expressivité dans les visages de ses personnages. Coté scénario, Stéphane Betbeder gère plutôt bien cet album d'introduction riche en informations. Il parvient à présenter son contexte tout en proposant quelques scènes chocs qui maintiennent l'intérêt du lecteur. Pour l'heure, nous ignorons néanmoins presque tout des motivations des différents protagonistes. Il y a fort à parier qu'aucune des deux parties ne s'en sorte avec les honneurs, en tout cas. Si les auteurs parviennent à se donner un peu de temps pour creuser la psychologie des personnages et diminuer la densité d'informations, le lecteur pourra peut-être s'immerger plus efficacement dans cet univers intéressant. C'est le défi à relever pour que les efforts développés dans la création de cet univers ne soient pas en partie vains, et pour que le lecteur puisse entrer, à travers des personnages plus palpables, dans cet impressionnant futur proche. Parions que le tome 2 à venir nous en donnera l'occasion.