L'histoire :
Paris 1946. Deux hommes viennent chercher un pensionnaire à l'hôpital. Il s'agit d'un certain Paul Chaplain. Les documents sont en règle et ils peuvent embarquer le blessé. La camionnette se met en route mais les occupants sont très inquiets. Ils veulent éviter à tout prix la police, le transport est compliqué. Il faut dire que l'homme, en réalité, n'est pas n'importe qui : Pierrot Loutrel, un des bandits les plus recherchés. La blessure de Pierrot se rouvre et elle saigne beaucoup. Finalement, le groupe arrive à Mantes-la-Jolie dans une belle demeure. Ils y transportent le blessé. Or le voyage aura été fatal : Pierrot est mort ! Les hommes ne savent pas quoi faire. Seule solution : jeter le cadavre dans un coin proche pour éviter de se faire repérer. La nuit tombée, ils amènent le mort à Porcheville. Ils prennent le temps de creuser un grand trou et d'y jeter le corps. Avant de reboucher le trou, l'un des hommes jette sa cravate sur le cadavre. Qui était Pierrot le fou ? Quelques années plus tôt, en septembre 1937, il quittait sa ferme familiale pour rejoindre Marseille, avec les poings qui le démangeaient furieusement...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a deux ans, Rodolphe publiait un roman sur la vie de Pierrot Loutrel, dit « Pierrot le fou ». La vie de ce bandit au destin rocambolesque avait déjà un film (avec Belmondo), il méritait bien une série BD. Tour à tour, dangereux agent de la Gestapo, puis lieutenant des Forces Françaises Libres, puis gangster notoire, Pierrot Loutrel ressemble à certains égards à Joseph Joanovici, le « héros » trouble de Il était une fois en France. Rodolphe opte pour une narration éclatée en multipliant les flashbacks. Cette narration morcelée est originale et empêche un ton trop historique. De plus, elle rend le récit beaucoup plus nerveux et les actions s'enchaînent parfaitement. L'opus se concentre surtout sur l'après-guerre et sur le célèbre « gang des tractions-avant » monté par Pierrot. Ce groupe de truands faisait des coups d'éclat en volant des sommes énormes à bord d'une traction Citroën. Plus de deux cent millions ont ainsi été volés en quelques mois ! L'intrigue ressemble à un film policier avec des gangsters coiffés de Borsalinos et armés de pistolets, donnant du fil à retordre à la police. Chaque attaque est bien détaillée et très bien dessinée avec le trait élégant et dynamique de Gaël Séjourné. À travers les « folles aventures » de Pierrot et de sa bande, c'est le monde du banditisme qui nous est dévoilé. Malheureusement, on se focalise beaucoup plus sur les événements que sur les personnages. De sorte que la psychologie de Pierrot n'est pas précisément abordée. Les auteurs en font un bandit opportuniste et talentueux, limite romantique, alors qu'il était connu pour être violent en raison de ses excès d'alcool. Ses tristes camarades ne sont pas beaucoup plus développés et parfois difficiles même à identifier. L'ensemble reste toutefois de qualité pour aborder simplement la vie d'un des plus célèbres bandits de notre Histoire.
