L'histoire :
Alice fait une sieste, mais elle est dérangée par les deux chattes. Dinah la noire débarbouille la blanche Kitty et leur minauderie réveille Alice. Celle-ci s'emporte et accuse Kitty : en la poursuivant, la minette emmêle la pelote de laine et met du fil partout. Alice la gronde, mais décide de la punir le prochain mercredi. Elle pense en riant que si on ajournait ses punitions à elle, elle risquerait d'être amenée en prison directement ! Alice lui parle ensuite de la maison du Miroir. Tout y est pareil que de leur côté, sauf que tout y est inversé. Si le feu nest pas allumé, il brûle de l'autre côté. Il faut lire les livres à l'envers pour les comprendre. Alice rentre dans le miroir et arrive de l'autre côté. Le feu y brûle puissamment et beaucoup d'éléments sont étranges. Les tableaux ont l'air d'être vivants et l'horloge affiche un visage d'un petit vieillard. Le jeu d'échecs est tombé par les cendres du foyer. Alice est elle même invisible. La reine et le roi blancs sont inquiets, car l'un des pions, leur enfant, est tombé dans la cheminée. Alice prend la reine et la met sur la table, puis elle fait de même pour le roi. La reine pense que c'est le volcan qui l'a fait bondir. Alice prend le temps de nettoyer le visage du Roi. Celui-ci est terrorisé et ne comprend pas ce qu'il se passe. Il veut écrire cet événement, mais Alice utilise le crayon à sa place et le roi, effrayé, voit le stylo avancer seul et sans lui obéir...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La petite Alice est de retour ! Fort du succès du premier tome, Lewis Caroll avait en effet décidé de faire revenir son personnage (inspiré d'une fille qu'il a beaucoup aimée). Cette fois, Alice plonge dans le monde du rêve à travers un miroir, et non par le terrier du Lapin qui est toujours en retard. Alice est alors prise au piège dans un gigantesque échiquier géant où beaucoup de ses rencontres sont des pièces de cet échiquier. C'est l'occasion de déchaîner l'absurde et de faire exploser le réel : ce miroir, inversion de notre réalité, est aussi un puissant dynamiteur de sens. Ainsi, notre jeune héroïne perd son chemin tout en revenant toujours au même endroit, rencontre une reine qui vit les évènements avant qu'ils n'arrivent, remet en selle un chevalier blanc qui tombe quand il accélère ou quand il freine... Les comptines et les poésies burlesques abondent et beaucoup de dialogues sont des chefs-d'œuvre de non-sens et d'humour. Lewis Carol s'essaie même au jeu complexe de la logique et de la réthorique. À force de jouer avec les chiffres ou les contradictions du langage, le texte perd toute cohérence. Cet exercice de style pourra lasser, mais il est d'une folie rare. Les rencontres sont aussi étranges que le reste : Alice discute avec un moucheron à taille de poulet, un éléphant abeille ou le célèbre Heumpty Deumpty, à tête d'œuf. Comme dans le premier tome, elle voit également une nouvelle reine bien moins cruelle que la précédente, avec en plus une surprise finale à la clef. Cette magnifique édition est toujours illustrée, voire décorée, par Benjamin Lacombe. Si les trouvailles visuelles sont moins originales dans ce tome, les représentations en couleurs de certaines scènes sont tout aussi éblouissantes. De quoi ramener à ses rêves d'enfants, "voyez-vous bien" !
