L'histoire :
Faubourgs de Kiliga. Un ange noir nommé le découpeur, affublé de lames à chaque bras, décapite un homme en fuite qui s’avère être un agent secret royal en mission d’infiltration. Les poursuivants ramassent les morceaux du cadavre afin de préparer leurs petits colis. Deux jours plus tard, ces mêmes petits colis ornent l’entrée du bureau royal de York City. Deux ambassadeurs, les agents Beltran d'Amblin et Marnie, arrivent au même moment à Rawaga, à la frontière du royaume. Ils sont missionnés afin d’y rencontrer le commandant Trinski, le tyran qui a renversé le souverain de la petite province limitrophe de York City. Après les multiples échecs d’infiltration des précédents agents, ils sont chargés officiellement de négocier un corridor humanitaire avec le dictateur. Mais officieusement, ils se doivent de découvrir ce qu’il est advenu de l’ancien gouverneur spolié et surtout, ils couvrent les agissements secrets de Jim et Jenna Mc Kalan. Ceux-ci parviennent à rejoindre les rangs des résistants, soutenus par le peuple, et s’associent à leur meneur, Styper. L'objectif est de renverser le tyran qui risque de précipiter le monde dans une gigantesque guerre civile.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jean-Charles Gaudin est un scénariste à succès dont le talent a été maintes fois prouvé. Les arcanes du Midi-Minuit, au même titre que Marlysa, est une de ses séries phares qui, régulièrement depuis 2002, engendre chaque année une nouvelle aventure policière du duo singulier. On suit avec intérêt l’évolution des quatre protagonistes, Beltran et Marnie côté diplomatie, et Jim et Jenna côté terrain, sur fonds de guerre civile. Certes, l’histoire est simpliste, avec des gentils et des méchants caricaturaux, mais cela reste énergique. L’échange de personnalité entre les deux héros, même si elle n’apporte plus l’effet de surprise escomptée, est toujours aussi efficace. D’autant que ce partage de corps trouve un final haletant, exacerbé par les deux autres personnages centraux de ce récit que sont Trinski et le découpeur. Dualité de personnages, dualité du récit (cheminement parallèle entre la diplomatie et le terrain) et dualité de caractères : Gaudin sait encore une fois nous mener là où il le désire. Le tout est très bien servi par le graphisme de Cyril Trichet, dont la bonhomie et les rondeurs des personnages amènent fraîcheur et générosité (des formes). L’univers bigarré et le bestiaire imaginaire sont une nouvelle fois parfaitement maîtrisés, malgré quelques approximations de finesse dans le trait des personnages d’une case à l’autre. Cependant, la formule est maintenant connue depuis 8 épisodes et la lassitude risque de s’installer, à ne pas se renouveler. Un album fort sympathique, donc, qui ne cache cependant pas les carences en innovation.