L'histoire :
Antoine est un drôle de petit garçon de 10 ans : quand il ne va pas à l'école, il passe le plus clair de son temps dans le cimetière où travaille son papa, fossoyeur. Et pour cause, Antoine s'y amuse avec son grand frère Vincent qui est... mort. Vincent a une drôle de tête d'ahuri et il est d'ailleurs complètement benêt : il pue tellement du bec qu'il reste des heures en tirant la langue pour que les mouches viennent se poser dessus et qu'il les gobe. Or, lorsque Vincent raconte cette histoire de frère « mouchivore » dans sa rédaction, la maîtresse ne le croit pas et il récolte une mauvaise note. Un jour, Vincent emmène Antoine en ballade surprise dans les tréfonds d'une tombe. Tout au bout d'un dédale invraisemblable d'escaliers et de passages souterrains, Antoine découvre un univers parallèle gigantesque. Il assiste à un duel étonnant entre Vincent et un cow-boy qui refuse de les laisser passer par un pont. Contre toute attente, Vincent tue le cow-boy et récupère son chapeau et son flingue. A la vue du sang, Antoine tombe dans les pommes et se réveille... à l'extérieur, sur une tombe. Cependant, ce petit tour dans les territoires interdits de la mort a réveillé des ombres, qui se mettent en chasse...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce Au pays des ombres est la réédition améliorée, partiellement redessinée et (sobrement) re-colorisée d'un excellent album paru en 2005 dans la collection Latitude : Vincent, mon frère mort-vivant. L'éditeur a d'ailleurs du avoir l'embarras du choix de la nouvelle collection d'accueil : la poétique et macabre Métamorphose ou la profonde et classieuse Noctambule ? La seconde a gagné. Bref, c'est la même histoire et pourtant, ce n'est plus tout à fait le même album. Il est toutefois intéressant de constater que le one-shot remastérisé conserve toute sa place dans l'aréopage de la production de 2012. Le dessin de Thierry Martin est un modèle de dynamisme semi-réaliste, tandis que le scénario de Mathis est d'une grande richesse. Le récit est tout à la fois un voyage initiatique, une variation sur le deuil, un regard sur l'enfant qui s'invente un compagnon imaginaire, et/ou un délire onirique pétri de trouvailles et d'inattendu. On s'attache fortement aux personnages dès les premières pages et on ne sait jamais où vont nous emmener les auteurs. Tantôt on croise un cow-boy (bêtement) mort d'une grippe, tantôt on se laisse guider par un Satan nain et sympatoche, tantôt on est poursuivi dans un dédale mouvant par des hordes de zombis... On redécouvre volontiers cette resucée dans son nouvel écrin préfacé par un dithyrambique Patrice Leconte et complété par un cahier graphique de 10 pages.
