L'histoire :
Le lieutenant Ronan revient sur les traces de son enfance. Il a bien changé aujourd'hui, à cause de la première guerre mondiale, mais il peut se targuer d'en être revenu vivant. Le hasard fait bien les choses : la traction tombe en panne dans les bois où il aimait aller quand il était gosse. Il en profite donc pour se promener, le temps que la voiture soit réparée par Lebraz. Cette balade lui rappelle tout un tas de souvenirs. Il a perdu sa mère alors qu'il avait cinq ans, il n'a donc pas d'images précises d'elle, mais il se souvient bien de son père. À chaque fois qu'il revenait de l'usine, il sentait l'alcool. Parfois, il était agressif, s'il n'avait pas eu sa dose suffisante. Il s'en prenait alors à son fils. Heureusement, Ronan était habitué et savait lui échapper dans ces moments là. Il sortait alors dehors, afin d'y retrouver ses amis et surtout ses livres. Il adorait lire les bouquins sur les légendes du petit peuple, des chevaliers et des magiciens. Il faut dire que la forêt de Broceliande n'est pas loin. Le jour où il échappe une nouvelle fois à la violence de son père, il retrouve ses amis : Erwen, Mabik et Marie. Pouvait-il imaginer, ce jour là, qu'il allait vivre l'histoire la plus incroyable et la plus inimaginable de son existence ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Parmi les légendes bretonnes, et particulièrement celles de la forêt de Brocéliande, le récit des transformations des hommes en pierre est courant. Il en est d'ailleurs certaines qui sont plus connues que les autres : les fameux mégalithes du Jardin des Moines, les pierres maudites de Tréhorenteuk. Le scénariste Nicolas Jarry reprend cette légende pour le tome 3 de la série Brocéliande. L'angle narratif est particulièrement habile : on retrouve cette légende au milieu d'une vaste histoire où des enfants explorent la forêt. Les personnages sont très attachants et peints subtilement avec des caractères forts et fragiles à la fois. Certaines scènes sont d'une justesse étonnante et d'une émotion forte. Avec brio, Jarry mélange les genres et propose un récit ambitieux et complexe. On est à la fois dans un conte, une quête initiatique, un récit d'heroïc-fantasy et une histoire merveilleuse. Plus le récit avance et plus il est passionnant et dense. Certains passages rappellent des grands classiques de la littérature comme Alice au pays des merveilles, Bilbo le Hobbit ou encore Le grand Meaulnes. Il est fortement question de littérature avec ce récit enchâssé, digne des plus grands virtuoses. Ainsi, le personnage de Ronan propose une histoire dans l'histoire et imagine un conte rocambolesque mais magnifique. Ce conte reprend cette fameuse légende des pierres maudites et de la sanction divine sur le seigneur Garsten. Cette remarquable histoire est superbement dessinée par le trait rond et réaliste de Djief. Les enfants sont pleins de vie et de caractère et l'ensemble est parfait de maîtrise et d'efficacité. Les couleurs d'Elodie Jacquemoire sont également remarquables, notamment pour représenter cette fameuse forêt de Brocéliande, sombre et mystérieuse. Un récit génial, digne des plus grands contes et légendes de notre littérature.