L'histoire :
Bahutée par les vagues, un chien affublé d’une niche en bois sur le dos s’échoue sur une plage de Norvège. A la tombée du jour, l’animal arrive dans un village au pied d’une montagne. Les bergers rentrent leurs troupeaux de chèvres et s’empressent de rejoindre leurs habitations. Une paysanne ses deux enfants dans les bras court dans les rues en implorant le soleil pour qu’il retarde sa course, afin qu’elle puisse faire baptiser sa progéniture avant la nuit. Malheureusement, la jeune femme arrive trop tard à la chapelle et trouve portes closes. Apeurée par la tombée de la nuit et les bêlements plaintifs des chèvres et le hurlement des loups affamés, elle imagine que le chien qui la suit est un mauvais esprit qui en veut à ses garçons. Elle se saisit de pierres et les jette sur la niche de Buck : la pauvre bête affolée s’enfuit vers la forêt. Alors que la longue nuit, la nuit des trolls, débute…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Inspiré du folklore scandinave, ce conte onirique met en scène 2 personnages muets : un drôle de chien bâti comme un escargot avec sa niche sur le dos et un petit troll assez effrayant. Avec l’avènement du christianisme dans les pays nordiques, certaines superstitions font leur apparition et notamment celle que tout enfant qui n’est pas baptisé avant la « longue nuit » sera remplacé par un troll. C’est ce qui va se produire pour un couple de paysans, qui va solliciter Buck afin qu’il ramène l’immonde créature dans les montagnes et qu’il récupère leur fille. Au milieu de paysages angoissants, on va suivre le périple de ce duo des plus surprenants qui va progressivement tisser des liens d’amitié. Si cet ouvrage est initialement destiné à un public jeunesse, Adrien Dremont propose un voyage poétique, fantastique, pourvu d'un second niveau de lecture, pour les adultes, davantage philosophique. L’atmosphère générale de ce récit nocturne est lugubre, peuplée de créatures à faire cauchemarder les enfants. Esthétiquement, Dremont rend un bel hommage au peintre norvégien Théodor Kittelsen, connu pour ses illustrations de trolls . Le dessin est dynamique, d’une rare finesse, rehaussé par une palette de couleurs qui donnent au récit une atmosphère hivernale oppressante dans des forets nordiques occupées par des monstres pétrifiants.
