L'histoire :
L’auteur humoristique Augustin aborde ici, chapitre après chapitre, divers sujets de la société contemporaine : la pollution, l’école et le système d’éducation, les fumeurs, les femmes et leur psychologie, le futur, les vacances, l’âge et les souvenirs d’enfance, les dentistes, le tri des ordures, les sports d’hiver, l’alimentation, les pauvres et les riches, la politique, la beauté, Noël, Dieu, la dépression, les jeux vidéos, les monstres, les régimes pour maigrir... Dans un joyeux bric-à-brac, Augustin caricature les travers de notre civilisation et se pose sans arrêt des questions « existentielles » : « le travail est-il devenu l’opium du peuple », « si la jeunesse est une super fête, est-ce que la vie est une interminable gueule de bois ? ». Des réponses amusantes et décalées s’ensuivent…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir scénarisé Game Over, Augustin (patronyme Rogeret) se fait remarquer par son humoristique Héroïc Pizza. Augustin, cette fois, s’accorde encore plus de liberté puisque cette bande-dessinée est un joyeux fourre-tout de réflexions éparses et de remarques sur la vie moderne, des tranches de pensées mises en dessins. Logique puisqu’à l’instar des Notes de Boulet, ce petit bouquin souple est un recueil de dessins issus de son blog. Le lecteur passe donc d’une analyse sur la survivance et l’évolution des espèces, à une méthode concrète pour se faire des amis qui nous correspondent. A travers des mini histoires de cinq ou six planches, Augustin offre donc une véritable vision décalée de thèmes qui nous concernent tous, profonds ou futiles, décisifs ou anodins, universels ou privés. Le ton adopté est intimiste : l’auteur s’incarne en adulte décalé et cool, avec son crâne rasé et son piercing à l’arcade. Beaucoup s’en prennent pour leur grade : les politiques sont bêtes et méchants, les vieux de dangereux nuisibles et les professeurs des assassins en puissance, incapables de s’adapter à la jeunesse actuelle. Cependant, si la caricature peut parfois être féroce, l’auteur ne manque pas d’autodérision et se moque de ses propres travers : on le voit régulièrement fumer comme un pompier, manger n’importe comment et jouer comme un ado à la console ou aux maquettes. C’est aussi un appel provocant à la liberté de penser et d’agir : le monde est trop moralisateur aujourd’hui et Augustin bouscule les conventions pour décoincer la société. Du coup, certains gags paraitront légèrement forcés ou un brin faciles, à l’image du ton adopté, parfois trop djeuns. Bien plus intelligent via des petites remarques ou questions décalées (à la Franquin dans les Idées Noires), Augustin est décidément doué pour la blague absurde (A-t-on vraiment besoin du bonheur pour être heureux ? Elizabeth Tessier couche-t-elle avec un Chevalier du Zodiaque ?). L’illustration est simple mais efficace et Augustin se permet de nombreuses fantaisies en parodiant des styles (un beau moment de parodie quand il dessine à la façon des récits d’horreur et de l’univers de Lovecraft) : son trait dynamique et léger rajoute un côté amusant à l’ensemble. Le lecteur pourra comparer ce délire visuel et « métaphysique » à la non moins joyeuse Rubrique à Brac de Gotlib, même si la puissance comique est un cran en-dessous dudit illustre prédécesseur : Chienne de vie !