L'histoire :
L’auteur Augustin revient avec toutes ses questions « existentielles » : Comment énerver sa copine en dix leçons ? A quoi sert un canard ? Les gens aiment-ils le sexe ? La voiture est-elle utile ? Comment lutter contre le chômage ? Le nucléaire est-il négatif ? Pourquoi est-on attaché à sa région d’origine même si l’on sait qu’elle est « pourrie » ? Dans le même ordre d’idées, pourquoi ressent-on une nostalgie imbécile sur des détails de notre passé ? Doit-on fêter le jour de l’an ? Comment vit un dessinateur de bande dessinée ? Toutes ces questions et bien d’autres auront des réponses… inattendues et loufoques.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Augustin récidive en publiant un deuxième opus sur ses pensées et réflexions, initialement publiées sur son blog. Le procédé est exactement le même que dans le tome un. Augustin développe tout ce qui lui passe par la tête en cinq ou six planches. Ces pensés sont entrecoupées par des intermèdes (gag en une planche) et des questions absurdes. Tout y passe dans cet album, des relations entre hommes et femmes, de l’écologie ou de l’importance d’avoir une belle voiture. Ainsi, le lecteur a l’impression de discuter avec l’auteur sur des sujets de vie… une sorte de philosophie de comptoir. Pourtant, Augustin est bien plus incisif que dans le premier tome. Il critique la société dans son ensemble, via un humour caustique et féroce. Il dénonce ainsi les inégalités sociales : « c’est juste un réfugié roumain il ne vous veut pas de mal » et lâche un provoquant « y’en a marre des pauvres ! ». Il s’attaque également aux politiques de tout bord et imagine ce qu’il ferait s’il était président de la République (autant de mises en lumière sur ce qui n’a jamais été fait) : les Occidentaux sont les descendants des Romains de l’Antiquité et rien n’a changé depuis… soif de pouvoir, conquête militaire, esclavage et orgie fine. La technologie et la recherche du progrès en prennent également pour leur grade et Augustin imagine un futur cauchemardesque : les radars pourront contrôler toute notre vie et nos exactions, les bébés feront un caca propre et non collant, les militaires règneront en maîtres du monde. Le ton est bien plus profond et grave que d’habitude. Augustin manie l’ironie avec brio et une férocité anarchiste. Cependant, il se fait un devoir d’être totalement objectif et embrasse le « problème » dans son ensemble. Il refuse ainsi de donner dans la critique pure et tente également de valoriser ce qui va bien : il refuse de céder aux clichés tels que « c’était mieux avant » ou encore « tous des corrompus » et tente de positiver. Cet aspect politique ne se retrouve pas dans tout l’album, car Augustin aborde tous les thèmes qui lui passent par la tête : on passe allègrement de la technique de drague des femmes de plus de 30 ans à l’importance du sexe, des chasseurs au chômage… Reconnaissons que certains thèmes « racoleurs » semblent dominer, comme le sexe ou le caca. Le ton est moderne et très jeune (à l‘image du dessin) et l’humour potache parfois facile. Ce joyeux fourre-tout est parfois indigeste, tant les réflexions s’enchaînent mal les unes les autres. Cependant, l’absurde se montre aussi savoureux. Morceaux choisis « Si le capitalisme est un hachoir, c’est qui la viande ? Iron Man fait-il caca des petites piles au lithium ? Est-ce que Catwoman fait ses besoins dans un petit bac à litière ? Si les Schtroumpfs sont bleus, c’est qu’ils ont très froids »…
