L'histoire :
Dans un futur relativement lointain, l’humanité a colonisé quelques planètes telluriques de notre système solaire, dont la lune de Jupiter, Titan. C’est là que sont reçues d’incroyables instructions extraterrestres pour construire d’immenses aéronefs… et un point de rendez-vous situé à la distance improbable de 32 milliards d’années lumières ! Après avoir édifié ces engins – qui leur font faire un bond technologique de plusieurs millions d’années – les humains partent à la rencontre de cette autre espèce, habitant à l’autre bout de l’univers. Cinq vaisseaux géants, commandés par des commandants expérimentés, se laissent ainsi absorber par un trou de ver et réapparaissent aux abords d’une structure métallique démentiellement grande, qu’ils baptisent la « colonne de fer ». A l’issue de leur prodigieux voyage, les membres de l’un des vaisseaux de l’armada sont reçus par une délégation d’Emanants, les aliens qui leur ont envoyé les plans. Ces derniers sont gigantesques ! Ils leurs inoculent un langage anticryptographique afin de pouvoir discuter avec eux et ils leurs expliquer la raison de cette « convocation » : bien que la civilisation humaine soit la plus attardée de toutes celles qui peuplent les univers, les émanants souhaitent qu’elle rejoigne la « grande assemblée » de toutes les intelligences peuplant les univers, car une grande menace pèse sur tous…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il faut pas mal de connaissances astrophysiques et une puissante force d’évocation lorsqu’on s’attaque aussi frontalement à la découverte d’espèces extraterrestres très en avance sur la civilisation humaine. C’est à ce challenge un brin culotté, mais admirablement assumé, que nous invitent Christophe Bec (au scénario) et Leno Carvalho (au dessin) à travers cette série. Aux concepts cosmiques pointus du premier, répondent les décors fastueux et les créatures hallucinantes du second, souvent sur double planches. Contrairement à la majorité des scénarios de Bec, dont la narration empile des séquences distinctes et sans transition, celui-ci suit une trame plutôt linéaire – à quelques flashbacks près. Or dans le premier tome, elle avançait très vite ! Dès le début de ce second opus, nous retrouvons nos voyageurs interstellaires face à leurs nouveaux amis « émanants », qui leur expliquent le lourd péril auquel ils leur proposent de se confronter. Qu’y a t-il en effet de plus problématique que la fin du monde ? La fin de l’univers, bien sûr ! Ou plutôt « des » univers (oui, nous sommes dans le registre de l’astrophysique prospectiviste). L’ennemi « largan » entend tout bonnement détruire toute forme de vie et d’intelligence dans les univers. Et paf, dans les dents. Cet opus s’évertue dès lors de faire le périmètre de la menace, laissant au(x) épisode(s) suivant(s) le soin de la résoudre. Outre la coexistance de nombreuses autres formes de vies et le concept pointu de multivers, les questions soulevées ont le mérite de faire réfléchir sur notre petit nombril et de relativiser la place de l’homme dans l’existant. Cette série de pure SF n’est donc pas à négliger par les amateurs de pure SF…