L'histoire :
Derrière les hautes murailles fermées de la cité de Gasker, vit une population de 12 000 habitants, séparée en 3 castes bien étanches, qui vit là recluse depuis des siècles. Tout en haut, les notables dirigent la cité et imposent un dogme fondé sur la peur de l’extérieur : il est dit qu’en dépassant la lisière de la forêt, nul ne survit aux gaz toxiques. Au milieu, les marchands font prospérer une économie locale autarcique… et tout en bas, s’entasse le bas-peuple qui croupit dans la misère et la médiocrité. Le jeune Haven est de ceux-là, bien que son activité de fossoyeur lui offre un laissez-passer pour faire transiter les corps des défunts d’une caste à l’autre. Au final, il jette les dépouilles depuis le haut de la muraille, en pâture aux Klacks, de massifs charognards aux dents bien acérées, qui pullulent autour de la cité. Pourtant, Haven rêve d’aller explorer ces contrées inhospitalières : il étouffe dans la cité et entretient des doutes sur la véracité des réels périls extérieurs. Son rêve lui est imposé, le jour où il est capturé en flagrant délit de vol d’herbes médicinales. Expulsé avec les bras coincés dans un carcan, il parviendra tout de même à échapper aux Klacks et à pénétrer dans la forêt. Par un heureux concours de circonstance, il aide une jolie inconnue, Tuena, à échapper à deux hommes-loups et prend la fuite avec elle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après une période pléthorique pour l’heroïc-fantasy grand-public, les nouvelles séries à oser se lancer sur ce créneau se sont fait plus confidentielles. C’est pourtant ce qui fait le fond de commerce des éditions Soleil (Lanfeust et consort) et l’éditeur le prouve en lançant Haven, qui satisfait honorablement aux canons du genre, sans trop abuser du mièvre et des clichés. Le contexte initial rappelle un peu celui des Ames d’hélios : une société de castes vit recluse en autarcie, dans la crainte des périls extérieurs. Les plus matures des lecteurs feront aussitôt deux parallèles, l’un philosophique de la caverne platonicienne, l’autre politique du dogme religieux fondé sur la peur. Pour autant, le scénario de Jacques Lamontagne vise plutôt le divertissement et en ce sens, ce premier opus se montre agréable et idéalement rythmé. Bien que stéréotypés, les personnages sont attachants ; et si on n’échappe pas à « l’élu » qui va revenir délivrer les siens après avoir découvert le monde, la diversité des rebondissements et le large champ des possibles permettent de passer un bon moment de lecture. Au dessin, Kan-J est plus à l’aise pour livrer des décors enchanteurs et diversifiés, ainsi que pour accorder le dynamisme idoine à l’action, que pour s’affranchir des automatismes sur les expressions faciales des personnages. Une mise en bouche sucrée et épicée à la fois, pour un divertissement plaisant…
